Le numéro un vietnamien a perdu son combat
HANOI - Le numéro un vietnamien Le Kha Phieu a perdu son combat
pour conserver le pouvoir et devrait, sauf coup de théatre de dernière minute, être
limogé lors du 9ème congrès du parti communiste vietnamien (PCV) qui se réunira la
semaine prochaine.
Le PCV, l'un des derniers partis communistes au pouvoir dans le monde, a entamé
jeudi à Hanoi une réunion préparatoire du congrès quinquennal du Parti qui devrait entériner la semaine
prochaine le remplacement de M. Phieu au poste de Secrétaire général du PCV et le renouvellement de la
direction du pays, selon une source de la direction du parti.
Le "pré-congrès du PCV" réunit à huis-clos au centre de la capitale vietnamienne les 170 membres du Comité
central et un millier de délégués de toutes les organisations du Parti.
Cette instance s'apprête à entériner les décisions de la réunion du Comité central qui s'est achevée mardi et au
cours de laquelle les dirigeants vietnamiens ont mis la touche finale à la préparation du 9ème congrès.
Sauf coup de théatre pendant ce pré-congrès, le numéro un vietnamien, le chef conservateur du Parti Le Kha
Phieu, devrait perdre son poste lors du Congrès qui aura lieu du 19 au 22 avril, car son action est considérée
comme trop terne, a précisé à l'AFP un responsable du bureau du Comité central du Parti sous le couvert de
l'anonymat.
Le porte-parole du minstère des Affaires étrangères, Mme Phan Thuy Thanh a cependant affirmé à la presse
que "la question du personnel du Parti sera décidée au congrès du Parti". "Toute rumeur conçernant cette
question est sans fondement et rejetée", a-t-elle dit.
Mais les congrès du Parti ont dans le passé joué le rôle de "chambre d'enregistrement", se contentant d'avaliser
des décisions prises à l'avance, notent les observateurs.
M. Phieu devrait être remplacé par le président de la république Tran Duc Luong, dont le poste est
essentiellement protocolaire et honorifique et qui a été pendant longtemps considéré comme le moins puissant
des trois leaders du pays.
Sa probable nomination à la tête du pays est considérée par les diplomates et les analystes à Hanoi comme un
compromis entre les factions réformatrices et conservatrices.
L'actuel président de l'Assemblée nationale, Nong Duc Manh, devrait être nommé Président de la République
à l'issue du Congrès. M. Manh fait partie de l'ethnie minoritaire des Tay du nord du Vietnam.
L'actuel chef du Comité d'organisation et membre du Politburo du PCV Nguyen Van An devrait succéder à
M. Manh au poste de président de l'Assemblée nationale.
Le Premier ministre Phan Van Khai devrait de son côté conserver son poste, selon la même source.
M. Khai, favorable aux réformes économiques, avait pourtant demandé à deux reprises au cours des dernières
années à démissionner car il estimait, selon des sources vietnamiennes, avoir "trop de responsabilités" mais
"peu de pouvoirs" de décision.
Le choix des nouveaux dirigeants vietnamiens a été fixé par le PCV après plusieurs semaines de tergiversations
au cours desquelles le chef du Parti avait semblé avoir réussi à sauver son poste en faisant valoir qu'il
représentait un gage de stabilité pour le Vietnam, agité par des troubles au cours des derniers mois.
Les manifestations des minorités ethniques dans les Hauts-Plateaux du centre du Vietnam et le renouveau de
tension avec les Etats-Unis que le Vietnam a accusés de s'ingérer dans ses affaires intérieures en accordant
l'asile à des montagnards réfugiés au Cambodge, semblaient avoir joué en faveur du maintien de M. Phieu à la
tête de la direction du pays, selon des diplomates en poste à Hanoï.
Le limogeage de Le Kha Phieu a été décidé notamment par les deux hommes forts du PCV, l'ancien Secrétaire
général Do Muoi et l'ancien président Le Duc Anh, qui avait contribué à la venue au pouvoir de Le Kha Phieu
en décembre 1997, a précisé le responsable du PCV.
Principaux mentors du Parti, Do Muoi, Le Duc Anh et l'ancien Premier ministre Vo Van Kiet, avaient rendu
publique une lettre en octobre dernier accusant explicitement Le Kha Phieu d'avoir démontré un "manque de
capacité dans la direction du Parti et de l'Etat".
Agence France Presse, le 12 Avril 2001.
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