Lourdes peines de prison pour deux dissidents bouddhistes
HANOI - Deux membres dissidents de la secte
bouddhiste Hoa Hao ont été condamnés à de lourdes peines de
prison pour "troubles de l'ordre public et opposition aux policiers
en mission", ont annoncé les autorités au lendemain de la mise en
détention d'un célèbre dissident catholique, le père Tadeus
Nguyen Van Ly.
Les deux dissidents bouddhistes, Truong Van Duc et Ho Van Trong, ont été
respectivement condamnés à 12 et 4 ans d'emprisonnement lors d'un procès qui a eu lieu
le 11 mai dans la province de An Giang (sud), a précisé un responsable du tribunal
populaire de cette localité.
Ils avaient été accusés d'"avoir pris part à des manifestations" des membres de cette secte
organisées en décembre dernier par le dissident Le Quang Liem, dans une commune de la
province et d'avoir "battu et blessé plusieurs policiers venus les disperser".
Le responsable n'a pas précisé les motifs de ces manifestations lors desquelles, selon les
autorités, des tentatives d'immolation par le feu avaient été prévues et des banderolles
"réactionnaires" avaient été brandies.
M. Le Quang Liem, 81 ans, secrétaire de l'église bouddhiste Hoa Hao du Vietnam, avait
été interpellé par les forces de sécurité avant d'être placé en résidence surveillée pour deux
ans en mars dernier, après avoir été accusé de provoquer des "troubles sociaux" en
organisant une tentative d'immolation collective par le feu de ses adeptes dans l'ex-Saigon.
Fin mars, Nguyen Thi Thu, 75 ans, responsable de la Ligue des femmes des bouddhistes
Hoa Hao s'était immolée par le feu dans le sud du Vietnam pour protester contre
l'interpellation de Le Quang Liem.
La secte Hoa Hao compte environ 200.000 membres, principalement dans le sud et
notamment dans la province de Ang Giang. Elle est reconnue officiellement mais ses
dirigeants historiques ont été évincés et remplacés par des dirigeants approuvés par les
autorités.
Les autorités vietnamiennes réfutent cependant régulièrement les accusations qui leurs sont
faites de restreindre la liberté religieuse.
Elles affirment qu'au Vietnam, personne n'est arrêté pour des raisons religieuses et de
croyance. La détention de certains adeptes religieux est due à leurs violations de la loi et
ceux-ci doivent évidemment être jugés conformément à la loi vietnamienne, expliquent les
responsables vietnamiens.
La condamnation des dissidents bouddhistes a été annoncée au lendemain de l'arrestation
et de la mise en détention d'un célèbre prêtre catholique dissident, le père Tadeus Nguyen
Van Ly dans la ville de Hué (centre), "pour avoir violé sa mise en résidence surveillée"
décidée en février dernier par le Comité populaire de la province de Thua Thien-Hué.
Les Etats-Unis ont demandé officiellement vendredi au gouvernement vietnamien de libérer
le prêtre.
Ce prêtre dissident avaient été placé début mars en résidence surveillée après avoir
témoigné par écrit et fait transmettre en février à la Commission américaine sur la liberté
religieuse internationale des documents dénonçant la répression religieuse au Vietnam.
Les autorités vietnamiennes l'accusent d'avoir, en dépit de cette mesure, commis des actes
"excitant ses fidèles à troubler l'ordre public dans le village de Truyen Nam et au siège du
Comité populaire de la commune de Phu An, ce qui a provoqué le mécontentement des
habitants locaux, des catholiques et des fidèles".
Un autre religieux, le responsable bouddhiste Thich Quang Do, numéro 2 de l'Eglise
bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV - dissidente) était convoqué vendredi par un
Comité populaire de Ho Chi Minh-Ville pour avoir commis "un certain nombre d'actes
erronés", selon le service d'information de l'Eglise dissidente basé à Paris.
Agence France Presse, le 18 Mai 2001.
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