Peines de prison ferme pour des bouddhistes au Vietnam
HANOI - Des peines de un à trois ans de prison
ferme ont été prononcées mardi au Vietnam à l'encontre de six
membres de la secte boudhhiste Hoa Hao à l'issue d'un procès
de quelques heures dans la province d'An Giang dans le sud.
Les deux principaux accusés, Nguyen Chau Lang et Tran Van
Be Cao, ont été condamnés à 3 ans de prison ferme, trois
autres accusés à deux ans de prison ferme et le sixième à un an
d'emprisonnement, selon un responsable du tribunal. Les
bouddhistes, arrêtés en mars, étaient accusés d'"avoir abusé
des droits aux libertés démocratiques, troublé l'ordre social et
de s'être opposés à des missions publiques".
Le procès avait donné lieu lundi à des manifestations de
protestation dans la province. Des milliers de croyants de la
secte, dont le nombre est évalué à un million dans la province
de An Giang, avaient manifesté contre ce procès qu'ils ont
qualifié d'oppression de leur communauté, selon un
communiqué de la secte publié aux Etats-Unis. Le responsable
du tribunal a confirmé ces protestations en affirmant que leurs
auteurs avaient été immédiatement dispersés par la police. Il a
également indiqué que la femme d'un des accusés avait tenté de
se suicider pendant ces manifestations.
La secte Hoa Hao, forte de 3 à 4 millions de croyants au
Vietnam, est reconnue officiellement par les autorités
communistes de Hanoï, mais une partie de ses membres sont
entrés en dissidence au cours des dernières années et
s'opposent à la direction officielle de la secte. Les autorités de
Hanoi contrôlent strictement les activités de la secte, connue
pour son orientation anti-communiste pendant la guerre du
Vietnam, et ont éliminé les dissidents de sa direction pour
nommer à leur place des proches du régime communiste. Des
centaines d'immeubles de la secte ont été confisqués par les
autorités et des célébrations annuelles marquant l'anniversaire
de sa fondation dans les années 1930 sont interdites ou
restreintes.
Le Bureau politique, instance suprême du Parti communiste
vietnamien, avait émis en 1998 une directive dont le but est de
renforcer le contrôle déjà étroit du Parti sur les activités
religieuses afin d'éviter que des "forces hostiles" ne profitent de
ces activités pour déstabiliser le pays. Les Etats-UNis avaient,
dans leur rapport annuel sur la liberté religieuse dans le monde,
accusé le Vietnam de "chercher à contrôler les croyances ou la
liberté religieuse de manière totalitaire ou autoritaire".
Agence France Presse, le 26 Septembre 2000.
|