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Les dirigeants asiatiques parmi les mieux payés du monde

SINGAPOUR - Les dirigeants des pays les plus prospère d'Asie sont parmi les mieux payés du monde, un système dont les défenseurs affirment qu'il attire les compétences et prévient la corruption. Au Japon, à Singapour et à Hong Kong, les responsables politiques et dirigeants de la fonction public gagnent plus d'argent que leurs homologues américains et japonais. Mais ils sont aussi à la tête des pays les plus efficaces et les plus propres, en terme de corruption, d'Asie et ce n'est pas un hasard, notent des analystes.

Le premier ministre singapourien, Goh Chok Tong, gagnait plus d'un million de dollars par an pendant le boom de 2000, ce qui en faisait l'un des dirigeants les mieux rémunérés du monde. Avec la récession qui a suivi en 2001, les salaires ont été réduits mais il gagne encore 600.000 dollars, sans compter des bonus liés aux performances de l'économie. Une augmentation des salaires des dirigeants singapouriens en 2000 pour les rapprocher de ceux du secteur privé a fait grincer des dents. Pourtant, le gouvernement a estimé que la mesure était nécessaire pour attirer les talents.

"Il y a un lien direct entre l'efficacité et la santé d'une économie et le professionnalisme et les salaires des élus et des hauts fonctionnaires", dit l'économiste australien spécialiste de l'Asie Michael Backman. Par comparaison, le président George W. Bush gagne 400.000 dollars par an, le premier ministre britannique, le mieux payé d'Europe, 262.000, selon une récente étude européenne.

A Hong Kong, le chef de l'exécutif, Tung Chee-hwa, empoche 800.000 dollars par an et ses principaux ministres quelque 500.000 dollars. Pour Joseph Cheng, analyste politique à la City University de Hong Kong, "une rémunération satisfaisante est une condition sine qua non pour combattre la corruption".

Au Japon, le premier ministre Junichiro Koizumi a déclaré un revenu de 307.000 dollars pour l'année budgétaire 2002 et son ministre des Finances Masajuro Shiokawa 415.000 dollars. Par contraste, la présidente philippine Gloria Arroyo ne reçoit que 24.000 dollars et les membres du gouvernement 9.600 dollars. Ces sommes excluent toutefois des fonds discrétionnaires. Pour certains, ce n'est pas un hasard si son prédécesseur Joseph Estrada a été accusé d'avoir pillé pour 80 millions de dollars pendant ses 30 mois de pouvoir. Un butin qui peut paraître dérisoire avec les gains de l'ex dictateur Ferdinand Marcos, accusé d'avoir amassé des milliards de dollars en vingt ans de pouvoir avant d'être renversé en 1986. "Ces salaires ne sont pas réalistes. Ils sont risibles, hypocrites et indiquent que la corruption existe", déclare Nelson Navarro, un commentateur politique de Manille.

Tout le monde n'est cependant pas d'accord pour conclure que de bons salaires empêchent toute corruption. Danang Widoyoko, membre d'une commission privée anti-corruption indonésienne, note que les responsables de son pays gagnent assez d'argent pour mener une vie confortable et que le degré de corruption dans les échelons supérieurs "est beaucoup trop important pour s'expliquer simplement par le désir de compléter un bas salaire".

En Asie du sud-est, le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra ne perçoit que 32.188 dollars par an et ses ministres 30.000 dollars environ. Mais M. Thaskin était milliardaire avant d'arriver au pouvoir et la plupart des hommes politiques du pays bénéficient d'une fortune personnelle.

Au Vietnam, un pays pauvre, le président gagne tout juste 1.650 dollars, le premier ministre 1.640 et les membres du gouvernement 1.350 dollars. "Le problème de la plupart des pays en développement est l'existence d'une fonction publique surdimensionnée mais sous-payée", dit Srinivasa Madhur, économiste à la Banque asiatique de développement (BAD).

Par Roberto Coloma - Agence France Presse - 18 Août 2002.