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L'accord de Paris, un jalon d'or de la diplomatie révolutionnaire vietnamienne

HANOI - Il y a trente ans, l'Accord sur la cessation de la guerre et le rétablissement de la paix au Vietnam, ou en abréviation l'Accord de Paris sur le Vietnam a été signé le 27 janvier 1973 à Paris. Il a obligé les Etats-Unis à reconnaître l'indépendance, la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale du Vietnam, et à retirer leurs troupes et celles des alliés du Sud Vietnam.

Ce document juridique international est l'aboutissement de la lutte diplomatique la plus difficile et la plus longue dans l'histoire de plus de 50 ans de la diplomatie révolutionnaire vietnamienne. La signature par les Etats-Unis de l'Accord de Paris constitue un exploit extrêmement grand et d'une signification historique profonde, marquant la défaite de leur politique d'agression au Vietnam, tout en créant une nouvelle conjoncture favorable à la lutte pour la libération du Sud Vietnam et la réunification nationale du peuple vietnamien.

Les négociations de Paris ont duré cinq ans, du 15 mars 1968 au 27 janvier 1973. Les pourparlers sous l'administration du président Johnson ont eu lieu du 15 mars 1968 au 31 octobre 1968. A la fin de cette période, le président Johnson décida de cesser les bombardements au Nord Vietnam et d'accepter la participation du Front de libération du Sud Vietnam à la Conférence de Paris. En janvier 1969, Richard Nixon devint président des Etats-Unis. Le 18 janvier 1969, la conférence quadripartite a tenu sa première session sous forme de table ronde dans laquelle la délégation du Front de libération du Sud Vietnam bénéficiait du même statut que les autres délégations.

Les circonstances conduisant aux négociations étaient les suivantes: les Etats-Unis ont prêté main forte aux colonialistes français et à leurs serviteurs, saboté l'Accord de Genève de 1954 sur l'Indochine, monté le régime fantoche de Ngo Dinh Diem à Saigon, intensifié les aides économiques et militaires à ce dernier, tout en menant une guerre sanglante contre le peuple vietnamien.

Pendant la période allant de la décennie 60 au début de la décennie 70, les Etats-Unis ont mené successivement "la guerre spéciale", "la guerre locale" et "la vietnamisation de la guerre". Suite à l'intervention directe, les Etats-Unis ont envoyé le corps expéditionnaire au Sud Vietnam, procédé à l'escalade de guerre par la destruction du Nord par les forces aériennes et navales et l'élargissement de la guerre au Laos et au Cambodge. La doctrine de Nixon a avancé la stratégie de "vietnamisation de la guerre" qui visait à réaliser la manoeuvre "utiliser les Vietnamiens pour combattre les Vietnamiens" avec les moyens financiers et les armes fournis par les Etats-Unis, ce afin de minimiser les pertes humaines pour les jeunes Américains, d'apaiser la vague anti-guerre qui montait à l'intérieur des Etats-Unis.

Cependant, ces formes de guerre ont l'une après l'autre fait faillite face aux insurrections audacieuses et subites de l'armée et du peuple vietnamiens. Les offensives et soulèvements du Têt 1968 ont infligé aux Etats-Unis un coup foudroyant, les plaçant devant le danger d'un échec lamentable, et ont créé une bonne position à la révolution vietnamienne. Les victoires militaires successives du Vietnam sur les fronts de la route No9-Sud du Laos, du Nord-Est et du Sud-Est du Cambodge en 1971 et 1972 ont graduellement mis en échec la stratégie de "vietnamisation de la guerre". Malgré ces défaites, les Etats-Unis ont cherché par tous les moyens à inverser la situation, à arracher une victoire militaire significative dans l'espoir de pouvoir négocier en position de force.

A la table de pourparlers, les joutes d'esprit étaient acharnées entre les parties en négociations, surtout entre le conseiller spécial Lê Duc Tho et l'assistant du président américain Kissinger. Le 8 octobre 1972, la délégation vietnamienne a remis à celle américaine le projet de l'Accord dont les clauses exigent des Etats- Unis le retrait de toutes leurs troupes du Sud Vietnam. Le projet qui avait été au début approuvé par toutes les parties, a été rejeté le 22 octobre 1972 par la partie américaine sous prétexte que l'administration Nguyen Van Thieu a demandé de modifier ce document. Le 12 décembre 1972, les négociations ont été provisoirement interrompues. Dans la nuit du 18 décembre 1972, le président Nixon a ordonné de bombarder Hanoi et la ville portuaire de Hai Phong. L'affrontement historique pendant douze jours et nuits, considéré comme la bataille "Dien Bien Phu aérien", a pris fin avec 38 bombardiers B52, surnommés "forteresses volantes" et 43 autres avions américains abattus dans le ciel de Hanoi. Cela constitue un coup décisif obligeant Nixon à ordonner d'arrêter les bombardements depuis le 20e parallèle vers le Nord et à rencontrer la délégation vietnamienne pour signer l'Accord sur la cessation de la guerre.

Le 23 janvier 1973, le conseiller spécial Lê Duc Tho et l'assistant au président américain Kissinger ont paraphé l'Accord. Le 27 janvier 1973 a eu lieu la cérémonie de signature de l'Accord à Paris en vertu duquel les Etats-Unis ont dû se retirer du Sud Vietnam, ce qui contribue à l'effondrement du néo-colonialisme des Etats-Unis au Vietnam.

Trente ans se sont passés et ont permis de donner des évaluations plus complètes sur la signification historique de la Conférence de Paris et de l'Accord de Paris. Bien que le Vietnam doive faire face à un ennemi ayant l'économie et la force militaire les plus puissantes du monde, il a trouvé un art de mener d'une manière flexible à la fois les combats et les négociations, ce qui a permis de remporter peu à peu les exploits avant de parvenir à la victoire totale. A travers la Conférence de Paris et la cristallisation des contenus de l'Accord de Paris, la diplomatie vietnamienne a joué pleinement son rôle d'un front dans la révolution de tout le peuple et sur tous les plans de la nation vietnamienne, sous la direction du Parti communiste du Vietnam et du Président Ho Chi Minh. La Conférence de Paris a marqué une combinaison harmonieuse entre la lutte politique, militaire et celle diplomatique; le front diplomatique a aidé activement le front militaire, contribuant à faire valoir au maximum la force générale de tout le peuple, la combinaison de la force nationale à celle de l'époque. L'Accord de Paris est le fruit et aussi l'apogée de l'art de négociations diplomatiques du Vietnam.

La source de la victoire de la Conférence de Paris est la détermination à combattre et à vaincre, la volonté de la lutter inlassablement pour défendre la vérité, reconquérir l'indépendance et la liberté de tout le peuple vietnamien. Cette lutte reflète de façon complète la direction talentueuse du Parti communiste du Vietnam et du Président Ho Chi Minh, l'intelligence de la diplomatie de la révolution vietnamienne, basée sur la juste lutte pour la libération nationale. La Conférence de Paris et l'Accord de Paris marqueront à jamais dans l'histoire révolutionnaire du Vietnam en général et dans la diplomatie vietnamienne à l'époque de Ho Chi Minh en particulier comme un jalon d'or ineffaçable.

D'autre part, l'Accord de Paris est aussi une preuve éloquente de la juste lutte du peuple vietnamien qui a bénéficié du soutien vigoureux des peuples progressistes dans le monde. En effet, à la différence de l'histoire diplomatique dans le monde comme les conférences de Téhéran, Yanta, Posdam, la victoire des pourparlers conduisant à la signature de l'Accord de Paris était liée au mouvement de solidarité et de soutien des peuples du monde vis-à-vis du Vietnam. Le Vietnam a su profiter de grandes aides de l'Union soviétique, de la Chine, des pays socialistes, de l'aide désintéressée du Parti communiste français, du peuple français, du soutien du mouvement non-aligné, des Viet kieu, des peuples des pays capitalistes, du peuple américain et du mouvement anti-guerre des soldats américains. La fondation du Front des peuples du monde de soutien au peuple vietnamien a matérialisé éloquemment la devise de la combinaison de la force nationale avec celle de l'époque et celle internationale, la coordination de la diplomatie étatique et populaire.

La signature de l'Accord de Paris a créé un changement important et avantageux à la révolution vietnamienne, la conduisant à la grande victoire du printemps 1975, et à la réunification du pays. Elle a réalisé l'aspiration ardente de plusieurs générations vietnamiennes et le souhait profond du Président Ho Chi Minh.

La célébration du 30e anniversaire de la signature de l'Accord de Paris offre une occasion pour dresser le bilan des leçons tirées de la Conférence de Paris. Les leçons sur la volonté de défendre l'indépendance, la souveraineté nationale et l'esprit de solidarité internationale gardent toujours leur valeur d'actualité pour les nations dans un monde qui évolue sans cesse, alors que les Etats-Unis, la seule superpuissance, nourrissent encore le rêve de mettre le diktat sur toutes les nations et d'établir un ordre mondial unipolaire à l'avantage des Etats-Unis.

Agence Vietnamienne d'Information - 24 Janvier 2003.