~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

[Année 1997]
[Année 1998]
[Année 1999]
[Année 2000]
[Année 2001]
[Année 2002]

Mondial-2002: les parieurs vietnamiens piaffent d'impatience

HANOI - Comme les millions de fans vietnamiens du ballon rond, les parieurs clandestins attendent avec impatience le coup d'envoi de la Coupe du monde de football, une occasion en or d'assouvir leur passion du jeu. Plusieurs semaines avant le début du Mondial, de nombreux parieurs amateurs avaient déjà commencé à étudier minutieusement la composition des sélections nationales et le calendrier des matches de la 17e Coupe du monde de football, disputée en Corée du sud et au Japon du 31 mai au 30 juin.

"J'ai mis de côté assez d'argent pour parier sur tous les matches et d'abord sur le premier, entre le Sénégal et la France le 31 mai, car ce premier match est souvent le plus excitant", déclare Tran Quang Hai, 38 ans, un bookmaker ayant pignon dans un café-internet de Hanoï. "La Coupe serait bien moins intéressante si on ne pariait pas et une telle occasion ne se présente que tous les quatre ans", affirme Hai, en étudiant attentivement le tableau des équipes et des rencontres. Un grand nombre de "cafés-football" équipés de téléviseurs à écrans géants ont ouvert ces dernières semaines dans les grandes villes en prévision de la Coupe du monde, dont les matches seront suivis en direct par des dizaines de millions de Vietnamiens.

Familles ruinées

"Les paris clandestins sont souvent organisés de façon sophistiquée à l'aide de téléphones portables et dans tous les milieux. C'est vraiment alarmant", a souligné à l'AFP le lieutenant Do Thanh Van des forces chargées du maintien de l'ordre social du district 1 de Ho Chi Minh-Ville, la capitale économique du sud. "La plupart des clients de cafés-football sont des parieurs qui peuvent miser jusqu'à 25.000 dollars (27.100 euros) par match", somme énorme dans un pays où le revenu moyen annuel par habitant n'atteint pas 400 dollars (435 euros), a estimé M. Van.

"Beaucoup de familles ont été ruinées par les paris, à l'origine depuis notamment deux ans d'affaires criminelles et de troubles sociaux dans cette municipalité", a-t-il expliqué, en déplorant qu'"il y ait eu trop peu d'arrestations". Les paris se sont largement répandus ces dernières années au Vietnam où ils sont officiellement interdits, à l'exception de paris très limités organisés et strictement contrôlés par l'Etat sur des courses de lévriers. Dans l'ancienne Saïgon, selon le responsable, des centaines de parieurs jouent sur les matches européens, notamment ceux des Championnats d'Angleterre, d'Italie, d'Espagne et d'Allemagne. Les paris peuvent porter non seulement sur les résultats, mais aussi sur la couleur des chaussettes des footballeurs, la nationalité de l'arbitre, et même... la race des chevaux de David Beckham.

Réseaux internationaux

Selon la police saïgonaise, les réseaux de parieurs vietnamiens ont établi des liens avec ceux de Macao, Hong Kong et Taïwan et d'importantes sommes ont été transférées discrètement ces derniers temps entre ces réseaux pour financer leurs jeux d'argent. Les autorités vietnamiennes ne sont pas en mesure d'évaluer le montant des mises, mais selon la presse officielle, elles atteindraient "plusieurs dizaines de millions de dollars" lors de la Coupe du monde.

Des opérations de "nettoyage" ont été lancées à cette occasion au Vietnam, en particulier à Ho Chi Minh-Ville, mais seule une cinquantaine de parieurs illégaux ont été arrêtés la semaine dernière dans la province voisine de Dong Nai et d'importantes sommes d'argent confisquées par la police. Lors de l'Euro-2000, 177 parieurs illégaux avaient été interpellés dans la seule province de Nam Dinh (nord). Afin de dissuader les parieurs de profiter de l'Euro-2000, un tribunal de Ho Chi Minh-Ville avait condamné en juin 2000 deux parieurs vietnamiens à 9 et 12 mois de prison ferme. "Il est très difficile pour nous de les prendre en flagrant délit, surtout les organisateurs, c'est comme capturer vivant un poisson dans la mer", confiait un haut officier de police d'un district peuplé de Hanoï.

Par Le Thang Long - Agence France Presse - 24 mai 2002