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Les catholiques vietnamiens célèbrent Pâques dans la ferveur

HO CHI MIN-VILLE - Les catholiques du Vietnam se sont rendus massivement samedi soir et dimanche dans leurs églises pour y célébrer Pâques. Leur ferveur s'est manifestée aussi bien à Ho Chi Minh-Ville, la métropole commerciale du sud, qu'à Hanoi, la capitale, à un moment où des plaintes s'élèvent dans certains milieux religieux contre ce qu'ils considèrent comme une main trop pesante du régime communiste.

A Ho Chi Minh-Ville, la grande cathédrale Notre-Dame en brique rose édifiée au temps de la domination française à la fin du XIXème siècle, était à tel point bondée pour la messe pascale célébrée samedi dans la nuit par l'archevêque, Mgr Jean-Baptiste Man, qu'une partie de la foule débordait sur la place devant l'église. A Hanoi, les fidèles se sont aussi rendus nombreux à la cathédrale Saint-Joseph.

Parmi eux, Nguyen Thi Minh, une femme de 58 ans, a confié à un journaliste de l'AFP toute sa fierté d'être catholique. Mme Minh a souligné que les catholiques bénéficiaient, au Vietnam, de la liberté du culte, mais elle s'est également plainte d'une certaine atmosphère de discrimination dont ils font, a-t-elle dit, l'objet. "Nous sommes patriotiques, a-t-elle observé. Et pourtant, nos chances de parvenir à certains postes tant dans la société civile que dans l'armée sont moins grandes que pour d'autres". Une autre fidèle, une jeune fille de 22 ans qui a exprimé le souhait de ne pas être identifiée, s'est plainte, quant à elle, de faire l'objet d'une surveillance policière.

La communauté catholique compte quelque huit millions de personnes au Vietnam. Elle y représente un peu moins de 10 pour cent de la population. C'est la deuxième Eglise en Asie, après les Philippines, et si l'on fait exception du cas particulier de la Chine où les chiffres sont difficiles à vérifier.

Au cours des dernières années, les relations du Vietnam communiste et du Vatican ont connu une certaine amélioration, mais Hanoi maintient un ferme contrôle sur la vie religieuse, se réservant le droit de se prononcer en dernier ressort en matière de désignation des évêques et imposant aussi des limites assez restrictives à l'ordination des prêtres dans les six séminaires du pays. A Ho Chi Minh-Ville, des frictions se sont, au surplus, fait jour avec des appels à une libéralisation lancés par un prêtre jouissant d'une certaine réputation, selon des sources dignes de foi. Le Père Chan Tin, un rédemptoriste qui s'était montré un des plus ardents défenseurs des droits de l'homme avant la victoire des communistes sur le régime du Sud-Vietnam en 1975, a vivement irrité les autorités pour avoir publiquement réclamé l'abolition de l'article 4 de la Constitution consacrant le rôle dirigeant du Parti Communiste. Cette position a été vivement critiquée par un "tribunal révolutionnaire" réuni dans les derniers jours.

"Ce n'était pas un tribunal à proprement parler, c'est-à-dire rattaché au système judiciaire, mais un tribunal du type de ceux qui se formaient vers la fin des années cinquante", a indiqué une source. "Il est fort possible que des suites, judiciaires celles-là, viennent après". Cette friction est apparue à un moment où est attendu, au début du mois prochain, à Hanoi un haut représentant du Vatican, Mgr Celestino Migliore. Ce dernier se rend, tous les ans, depuis 1990 au Vietnam pour des discussions sur les problèmes des catholiques -- nomination d'évêques, recrutement dans les séminaires, écoles et autres oeuvres sociales du clergé, notamment.

AFP, le 23 Avril 2000.