~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Où en sont les relations Franco-Vietnamiennes ?

Un partenariat riche en potentialités socio-économiques.

Le Vietnam est entré dans une période d’évolution spectaculaire - doublement en dix ans de la moyenne du niveau de vie -, un essor qui n’est pas exempt de fortes contradictions : croissance des inégalités, nouveaux problèmes sociaux, écologiques. Depuis dix ans la politique dite du " renouveau ", le " DÔI MOI ", appelle des orientations innovantes afin de répondre aux mutations d’une société où les jeunes de moins de trente ans constituent 60 % d’une population qui est passée de 50 à 80 millions d’habitants en quelques années. Le Vietnam a un impérieux besoin d’ouverture sur le monde pour répondre aux exigences de formation, décupler ses capacités de développement, innover dans la gestion comme dans la participation à la conduite des affaires du pays.

Or, si le Vietnam s’inscrit aujourd’hui dans une politique d’insertion dans le monde, il le fait en tant que partenaire, avec des atouts forts. Il ne s’agit nullement des règles du libéralisme sauvage mais d’une recherche de voie nouvelle. Reconnu par la communauté internationale comme présentant des garanties de stabilité dans une région à risques, il a les moyens de s’imposer comme un partenaire démontrant sa volonté d’ouverture dans une conception multipolaire du monde - permettant codéveloppement et relations équilibrées.

La France a joué un rôle important pour le décollage et pour la reconnaissance internationale du Vietnam : Paris est le premier partenaire du monde occidental, le deuxième bailleur de fonds pour le développement. Des programmes de coopération couvrent des secteurs décisifs : l’éducation, la formation, le recherche, la santé, l’urbanisme et l’environnement. Les partenariats financiers économiques, techniques sont nombreux. La place de la culture et de la francophonie est largement affirmée.

La coopération bilatérale se prolonge par de multiples programmes de coopération décentralisée auxquels participent très fortement une bonne moitié des régions françaises et de nombreuses collectivités. Chaque année, les Ateliers de la coopération franco-vietnamienne réunissent des centaines de représentants des collectivités et asociations engagées dans des projets qui tissent des liens profonds entre nos sociétés tout en étant respectueux de la diversité (1). Sous l’égide du conseil général du Val-de-Marne, ce sont on a pu présenter vingt chantiers de coopération dans le domaine de l’eau qui ont été présentés au public. Nous sommes sur les terrains des défis de l’avenir, dans un pays où une croissance rapide de la population urbaine pose des questions considérables. La coopération franco-vietnamienne s’inscrit dans des problèmes de civilisation : réduction de la pauvreté, progrès de l’urbanisation, passage de la dominante rurale à une économie industrielle et technologique, conservation et adaptation d’une idéntité politique et des valeurs culturelles.

Mais ce qui ouvre des potentialités considérables de développement pour des relations singulières et riches c’est que les rapports franco-vietnamiens sont un élément privilégié pour le dialogue entre l’Europe et l’Asie. Ce dialogue entre Europe et Asie sera sans nul doute un élément déterminent des grands équilibres mondiaux dans un futur proche. Il se développe sur tous les plans : politiques, économiques, culturels. C’est la vision du monde de demain et la conception des relations internationales qui sont en cause : soit une mondialisation structurée autour d’une stratégie de puissance impériale et par un ultralibéralisme sauvage, soit un monde où se construisent des codéveloppements, des relations équilibrées avec un dialogue des cultures et des civilisations.

Dans le développement des relations Europe-Asie, les relations singulières entre la France et le Vietnam peuvent être l’un des moteurs les plus efficaces. Le Vietnam est prêt à se saisir de toutes les opportunités pour aller dans ce sens : à plusieurs reprises, par la voie de ses instances politiques les plus hautes, le Vietnam a affirmé qu’il est prêt à considérer la France comme un partenaire privilégié représentant pour lui une porte d’entrée vers l’Europe. Il s’agit bien d’un partenariat politique dont on peut penser qu’il sera la toile de fond du voyage du président de la République française en Asie et du sommet qui réunira sans doute à Hanoi quinze pays de l’UE et dix pays asiatiques. Ce sommet pèsera sur les grands équilibres mondiaux et l’on peut attendre qu’il soit l’occasion d’un renforcement dans tous les domaines, des liens entre la France et le Vietnam et l’Europe et les pays de l’Asie.

Nous sommes donc bien dans une situation de potentialité dans les relations franco-vietnamiennes. Des liens de solidarité et d’amitié forts existent avec le Vietnam mais il faut aujourd’hui les prolonger en les inscrivant concrètement dans des rapports utiles avec un grand pays confronté aux défis d’un changement rapide.

(*) Paul Fromonteil est vice-président de la région Poitou-Charentes, une région fortement engagée dans la coopération avec le Vietnam.
(1) Cette année à Toulouse, pendant deux jours, 350 acteurs de cette coopération se sont retrouvés.

Par Paul Fromonteil - L'Humanité - 20 Juillet 2004.