Ottawa fustige l'attitude du Vietnam et annonce de nouvelles
sanctions
OTTAWA - Le Canada a vivement dénoncé lundi l'attitude du Vietnam dans l'affaire de l'exécution pour trafic
de drogue d'une Canadienne d'origine vietnamienne et annoncé de nouvelles sanctions à l'encontre d'Hanoï, dont la suspension
des contacts entre ministres des deux pays.
Agée de 44 ans, Nguyen Thi Hiep, condamnée à mort il y a près de quatre ans, a été exécutée le 25 avril à Hanoï, en dépit
d'interventions des autorités canadiennes. Au moment de son arrestation, en avril 1996, elle se trouvait à Hanoï avec un visa de
touriste, en compagnie de sa mère, Tran Thi Cam, 75 ans, détentrice d'un passeport vietnamien.
Nguyen Thi Hiep, qui a protesté de son innocence jusqu'à la dernière minute, est la première occidentale exécutée au Vietnam.
Elle avait quitté le Vietnam en 1981 et était citoyenne canadienne depuis 1982.
La conduite des autorités vietnamiennes dans cette affaire est "absolument inacceptable", a déclaré lundi le Premier ministre
canadien Jean Chrétien à la Chambre des communes, au retour des vacances de Pâques du Parlement.
"Les déclarations du gouvernement vietnamien quant aux motifs de l'exécution n'ont pas répondu aux préoccupations dont nous
lui avons fait part", a affirmé de son côté le ministre canadien des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy.
Par conséquent, "tous les contacts entre ministres canadiens et vietnamiens sont suspendus" à compter du lundi 1er mai, a-t-il
ajouté dans un communiqué.
Ottawa a aussi ajourné pour une période indéterminée toutes les consultations portant sur des programmes d'aide au
développement du Vietnam, a précisé le ministre.
Le Canada "n'appuiera pas les candidatures vietnamiennes à des postes au sein d'organisations internationales", a-t-il affirmé.
Nguyen Thi Hiep avait été accusée d'avoir tenté de faire passer 5,5 kilos d'héroïne du Vietnam vers Hong Kong avec sa mère,
elle-même condamnée à la prison à vie par un tribunal vietnamien. M. Axworthy a demandé à Hanoï la libération pour raisons
humanitaires de Mme Tran.
Le Canada avait émis l'hypothèse que les deux femmes aient pu être manipulées par un réseau de trafiquants, comme cela avait
été le cas pour une Vietnamienne arrêtée à Toronto et innocentée après enquête policière.
Deux mois avant l'exécution, les autorités canadiennes avaient transmis aux autorités vietnamiennes des informations de la police
de Toronto allant dans ce sens et avaient demandé que des policiers torontois puissent se rendre à Hanoï pour fournir plus de
détails aux autorités vietnamiennes sur le sujet.
Le secrétaire d'Etat canadien chargé de l'Asie et du Pacifique, Raymond Chan, a estimé lundi qu'il était "abusif de procéder à
l'exécution sans permettre que l'affaire soit examinée plus avant".
Le Canada avait déjà vigoureusement protesté la semaine dernière contre l'exécution et avait convoqué au ministère des
Affaires étrangères l'ambassadeur du Vietnam au Canada, Trinh Quang Thanh. Il avait aussi décidé de retenir à Ottawa son
ambassadeur au Vietnam, Cécile Latour, alors en déplacement sur le sol canadien.
La participation canadienne à des programmes internationaux de formation avait été suspendue. Enfin, le Canada avait annulé
sa participation aux cérémonies commémoratives de la fin de la guerre du Vietnam.
AFP, le 2 Mai 2000.
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