Trois dissidents au Vietnam réjoignent leur oncle en prison
HANOI - Trois dissidents vietnamiens, les neveux et la nièce d'un prêtre catholique déjà condamné, ont écopé mercredi à Ho Chi
Minh-Ville (sud) de peines allant de 3 à 5 ans de prison, pour avoir communiqué à l'étranger des informations sur leur oncle et la
situation religieuse. Nguyen Vu Viet, 27 ans, Nguyen Truc Cuong, 36 ans, neveux du Père Tadeus Nguyen Van Ly, et leur soeur
Nguyen Thi Hoa, 44 ans, ont été respectivement condamnés à 5, 4 et 3 ans de prison après un procès de quelques heures fermé à
la presse étrangère et aux diplomates.
Ils comparaissaient pour avoir "profité des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l'Etat", a précisé à l'AFP un
officiel du tribunal populaire de l'ex-Saïgon. La justice leur reprochait des contacts avec des opposants aux Etats-Unis pour leur
fournir notamment des informations sur leur oncle et sur la dissidence bouddhiste.
Le père Ly, âgé de 57 ans, avait été interpellé en mars 2001 peu après son témoignage par écrit devant la Commission américaine
pour la liberté religieuse. Il avait d'abord écopé de quinze ans de prison en octobre 2001 avant de voir sa peine réduite à dix ans le
16 juillet dernier.
Un arrêt du parquet populaire suprême datant d'octobre 2002, et publié en avril par Amnesty International, montre que les trois
payent pour leurs contacts avec deux organisations installées aux Etats-Unis, le Comité pour la liberté religieuse au Vietnam et
Radio Que Huong. Hoa, l'aînée, a été en contact avec la radio avant de proposer à ses frères d'évaluer la situation religieuse dans le
pays, en particulier concernant l'Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV, interdite). Viet a créé trois adresses email après
l'arrestation de son oncle pour "recevoir des documents afin de déformer la politique religieuse du Parti et du gouvernement", selon
le document. Cuong avait de son côté rendu visite au vénérable Thich Huyen Quang, numéro un de l'EBUV, dans la pagode où il est
en résidence surveillée depuis 1982.
"Peut-être comme mon oncle, je ne peux rester silencieux devant l'injustice (...). Je suis entré par hasard dans le combat pour la
vérité et cela aura certainement des conséquences", écrivait Viet en 2001. Certains observateurs voyaient mercredi des raisons de
se réjouir dans le fait que les charges d'espionnage, d'abord retenues contre les trois, aient été finalement abandonnées face aux
critiques internationales. Le verdict "montre (...) que la pression paye", a estimé un diplomate.
Outre les Etats-Unis, constants dans leur demande de libération de "tous les prisonniers politiques et religieux", la présidence
italienne de l'Union européenne (UE) a évoqué mardi la condamnation en appel à 5 ans de prison du cyber-dissident Pham Hong
Son, le 26 août. "L'UE attend du Vietnam qu'il prenne des mesures énergiques pour améliorer la situation des droits de l'homme et
le respect des libertés fondamentales", a indiqué l'UE.
Agence France Presse - 10 Septembre 2003
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