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Pour le Vietnam, 2005 doit être l'année du grand saut dans l'OMC

HANOI - Certains experts restent dubitatifs mais Hanoï n'en démord pas: le Vietnam veut intégrer dès décembre 2005 l'Organisation mondiale du commerce (OMC), un calendrier très serré pour le pays communiste qui s'impose des réformes à marche forcée dans les mois à venir. Rien n'oblige le Vietnam à intégrer le groupe de libre-échange lors de la prochaine conférence ministérielle de l'OMC, qui se tiendra à Hong Kong en décembre prochain.

Mais Hanoï, qui a entamé en 1986 sa transition vers l'économie de marché, s'est imposée seule cette date-butoir, comme pour forcer le destin et profiter de la dynamique de la réunion pour être admise en fanfare dans l'antre du capitalisme international. Dans les douze mois à venir, le travail à effectuer est colossal. Pour intégrer l'OMC, un candidat doit négocier avec tous les partenaires qui le souhaitent. A ce jour, le pays a signé des accords avec l'Union européenne, l'Argentine, le Brésil, le Chili, Cuba et Singapour. Restent notamment à convaincre les Etats-Unis, la Chine, le Canada, le Japon, la Corée du Sud et l'Australie. Les négociations portent d'une part sur l'ouverture du marché vietnamien. Si Hanoï a beaucoup progressé dans ce domaine, certains secteurs protégés comme le tourisme, les télécommunications ou les services financiers devraient lui valoir de solides séances de négociations.

Le deuxième enjeu, plus complexe aux yeux des experts, concerne la réforme du système légal. Les textes à créer ou à modifier se comptent en dizaines. "Pour qu'un pays soit admis, il faut que ses lois et règlements soient stables, prévisibles et transparents", rappelait il y a quelques mois un ancien cadre de l'OMC. Et selon lui, le Vietnam ne peut rejoindre l'organisation à moitié. "L'OMC est un corps de règles harmonisées et ses membres n'aiment pas concéder des périodes de transition", ajoutait-il. Le Vietnam a pour la première fois évoqué son entrée dans l'OMC en 1995. Les observateurs, qui jusqu'à récemment préféraient sourire pudiquement à l'évocation de la date butoir de 2005, soulignent aujourd'hui que le dossier a évolué.

"Depuis que le Vietnam est sérieux sur le sujet, les choses avancent vite et bien", estime Adam Sitkoff, directeur de la Chambre de commerce américaine à Hanoï. "Il n'y rien d'irraisonnable dans le délai qu'ils ont fixé". "Compte-tenu de la quantité de travail législatif à effectuer pour élever la loi vietnamienne aux standards de l'OMC, le calendrier est ambitieux", admet-il cependant. Une certaine réticence persiste chez quelques responsables politiques, habitués à un contrôle total de l'Etat sur l'économie et peu enclins à laisser le marché mondial imposer sa loi. Les négociateurs vietnamiens "sont plus limités par des problèmes de stratégie et de sécurité émanant de la structure politique du parti (communiste) que de réels soucis économiques", souligne un observateur.

Mais les déclarations publiques se multiplient sur la nécessité de franchir le pas. "Il y a quelque chose d'absurde à demander aux autres pays d'ouvrir leurs marchés aux entreprises vietnamiennes, sans en retour supprimer les barrières de protection de nos propres entreprises", déclarait la semaine dernière Pham Chi Lan, conseillère du Premier ministre Phan Van Khai, dans le quotidien Lao Dong. Le Vietnam a récemment conclu son neuvième tour de négociations à Genève, siège de l'OMC, avec dix pays. Le processus d'adhésion y a trouvé un "nouvel élan", selon le vice-ministre du commerce, Luong Van Tu, "très encouragé par le fort engagement du groupe de travail".

Agence France Presse - 26 Décembre 2004.