Un journaliste vietnamien sera jugé mercredi à Hanoi pour espionnage
Le journaliste et cyberdissident vietnamien Nguyen Vu Binh, arrêté en 2002 après avoir posté sur internet des documents sur un accord frontalier entre Hanoi et Pékin, sera jugé mercredi pour espionnage, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.Binh avait été arrêté en juillet 2002 et formellement inculpé d'espionnage le 25 septembre de la même année, après la diffusion sur Internet d'un texte intitulé "réflexion sur les accords frontaliers sino-vietnamiens".
Il sera jugé devant la Cour populaire de la capitale vietnamienne le 31 décembre, a-t-on précisé de même source. Au Vietnam, l'espionnage est passible d'une peine allant de 12 ans de prison à la peine de mort.Ancien journaliste d'un journal du Parti communiste vietnamien (PCV), le Tap Chi Cong San (Les Revues Communistes), Binh avait démissionné en janvier 2001 et demandé l'autorisation de former le Parti libéral démocratique.Il avait aussi été impliqué en 2001 dans la création d'une organisation anti-corruption rejetée par le gouvernement, selon l'organisation américaine Human Rights Watch.
En septembre, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) avait demandé à Hanoi de fournir des explications sur le cas de Binh, dont elle était sans nouvelle depuis son arrestation. "Il est inhumain de (le) laisser croupir en prison (...) sans même l'avoir jugé. Cette situation est révélatrice du peu de cas fait des droits de l'homme par la justice vietnamienne", estimait Robert Ménard, secrétaire général de Amnesty International a récemment accusé le gouvernement vietnamien de brandir la sécurité nationale pour justifier le muselage de l'internet et la répression à l'encontre de la dissidence politique.
Depuis 2001, au moins dix personnes ont été arrêtées pour avoir échangé des informations avec des Vietnamiens de l'étranger et avoir formulé des critiques du gouvernement ou du Parti communiste vietnamien (PCV). Six d'entre elles ont déjà été condamnées.
Agence France Presse - 26 Décembre 2003.
|