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Un fast-food nord-coréen ouvre ses portes à Ho Chi Minh Ville

HO CHI MINH VILLE - Elle-même en proie à une famine chronique, la Corée du Nord a ouvert son premier fast-food au Vietnam, espérant pouvoir profiter de l'engouement que suscite dans cet autre pays communiste tout ce qui sort de l'ordinaire. Le principal mets au menu de ce restaurant de 50 places est le "naengmyeon", des nouilles servies glacées avec un trait de vinaigre coréen et un bouillon obtenu à partir de poumons et d'intestins de vache.

"L'établissement servira nos camarades vietnamiens", se félicite Ryu H.Y., l'un des quatre gérants nord-coréens de cette enseigne. Situé en bordure d'un quartier commerçant très animé, au centre-ville, le restaurant en question - le Taedonggang Pyongyang - était quasiment plein samedi, jour de son inaguration. "La nourriture ici a très bon goût, c'est vraiment délicieux", s'enthousiame Hattori Tsuneo, un homme d'affaires japonais vivant dans l'ancienne Saïgon, après un festin de nouilles froides au saumon cru.

"Contribuer à l'amitié et à la compréhension"

Invités à se restaurer pour la modique somme d'un peu plus de deux dollars le menu - à peine plus qu'un plat de riz traditionnel dans un restaurant vietnamien -, les clients peuvent aussi accompagner leurs repas de bière étrangère (Heineken) ou d'alcool de riz (saké) japonais. Le Vietnam, pays communiste dont le revenu annuel moyen ne dépasse pas les 400 dollars, s'est peu ouvert aux chaînes de restauration rapide internationales. L'Américain Kentucky Fried Chicken et le Philippin Jollibee Foods Corp sont néanmoins représentés à Ho Chi Minh Ville.

Ryu se dit certain qu'en-dehors des habitants de la ville, des touristes, "contribuant à l'amitié et à la compréhension entre la Corée du Nord et le monde", choisiraient eux aussi de s'y restaurer. Sur les murs rose vif de la salle principale, des photos montrent des familles nord-coréennes respirant le bonheur et faisant de la barque sur le fleuve Taedonggang, auquel le restaurant doit son nom. Cet établissement constitue l'un des rares ponts entre le Vietnam, très exposé aux influences occidentales ces dernières années, et le dernier régime stalinien de la planète.

"Le restaurant est important pour l'internationalisation de la Corée du Nord", assure Ryu dans un français quasi-parfait, sous le regard précis d'un membre de l'ambassade de Corée du Nord à Hanoi. Il n'existe que deux autres restaurants nord-coréens en Asie du Sud-Est, l'un à Siem Reap, au Cambodge, et l'autre à Phnom Penh.

Par Nguyen Nhat Lam - Libération - 11 octobre 2003.