Les catholiques ont fêté Noël dans un climat politique apaisé
Un vent d'espoir a soufflé sur le Noël des catholiques vietnamiens, dont les relations avec le pouvoir politique se sont sensiblement améliorées ces derniers mois, en dépit des résistances héritées de l'histoire.
Leur plus beau cadeau, les sept à huit millions de catholiques du pays -soit près de 10% de la population- l'avaient reçu en septembre avec la nomination comme cardinal de l'Archevèque de Ho Chi Minh-Ville, Mgr Jean-Baptiste Pham Minh Man.
Avec Mgr Joseph Pham Dinh Tung, nommé en 1994, le Vietnam dispose pour la première fois de deux représentants au Sacré Collège.
Les réactions à Hanoi au geste de Jean-Paul II avaient illustré la complexité du dossier au sein des instances dirigeantes: le Comité des affaires religieuses avait indiqué qu'il ne reconnaissait pas cette nomination, avant que le ministère des Affaires étrangères ne rectifie le tir, en la qualifiant de "bonne nouvelle pour les fidèles".
Mardi, le gouvernement a confirmé ces bonnes dispositions en autorisant un entretien entre le vice-Premier ministre Vu Khoan et le Cardinal Man.
"Cette rencontre est très significative. Les choses vont beaucoup mieux", estime un diplomate étranger. "L'objectif, maintenant, c'est l'établissement de relations diplomatiques entre Hanoi et le Vatican".
Alors que plusieurs communautés protestantes font l'objet d'une sévère répression, les catholiques profitent du dégel. Ainsi, les paroisses peuvent dispenser un enseignement religieux aux enfants. Et, mercredi soir, les églises vietnamiennes étaient pleines.
"Les activités de l'église sont plus intenses qu'il y a quelques années car le gouvernement comprend mieux notre religion et nous avons plus de liberté pour la pratiquer", se réjouit Mgr Nguyen Van Yen, évêque de Phat Diem.
Le plus grand diocèse du pays, situé au sud-est de Hanoi, avait participé à la lutte armée anti-communiste, entre les années 1940 et 1954.
Suite à la victoire des forces de Ho Chi Minh au nord et la partition du pays, des centaines de milliers de catholiques s'étaient réfugiés au Sud-Vietnam. Après la réunification sous la bannière communiste en 1975, ils avaient été placés sous haute surveillance .
Aujourd'hui, beaucoup de dignitaires du Parti communiste vietnamiencontinuent de se méfier des catholiques, craignant que leur allégeance à l'Eglise ne constitue une menace.
Les nominations des évêques restent soumises à l'approbation de Hanoi et le nombre de prêtres est restreint. "Les susceptibilités demeurent", ajoute le diplomate. "Le Vietnam reste le plus grand pays catholique du monde à n'avoir pas reçu la visite papale".
Mais l'heure n'est plus à l'affrontement. Depuis sa nomination, le Cardinal Man distille les discours rassurants.
"J'ai prié et espéré que tous les membres de l'Eglise vietnamienne trouvent la lumière et l'énergie nouvelle nécessaire pour porter la parole du Nouveau Testament au sein de la société vietnamienne", a-t-il indiqué à l'AFP.
Dans son rapport annuel sur la liberté religieuse, le département d'Etat américain évoque l'amélioration du sort des catholiques.
"Ces dernières années, les congrégations dans les villes de Hanoi et de Haipong et dans beaucoup de provinces alentours ont reconstruit des églises et réorganisé des messes", mentionne-t-il.
De quoi satisfaire l'évèque de Phat Diem. "Nous allons envoyer des prêtres pour dire des messes dans les zones isolées afin que les gens n'aient pas à se déplacer pour venir", précise-t-il.
Par Didier Lauras - Agence France Presse - 25 Décembre 2003.
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