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L'inforoute en Asie


Les infrastructures de télécommunications restent très modestes dans les pays francophones d’Asie du Sud Est. L’accès aux inforoutes y est souvent lié aux réticences des gouvernements à libéraliser ce secteur de manière trop rapide. La francophonie, avec ses valeurs et quelques moyens, peut trouver sa place sur le maillon asiatique des inforoutes.

La densité téléphonique dans les pays francophones d’Asie du Sud Est est encore très faible. Elle se situe à 0,2 ligne principale pour 100 habitants au Cambodge, à 1,3 au Vietnam et 0,7 au Laos. Cette région a accumulé un gros retard en matière de télécommunications. Et les besoins sont énormes pour permettre aux trois pays francophones d’engager un processus de redressement dans ce domaine. Au Cambodge, le gouvernement estime qu’il faudrait investir 140 millions de dollars pendant deux ans pour installer les quelque 80 000 lignes indispensables. Et au moins 600 millions de dollars pour atteindre une densité de 2 lignes pour 100 habitants dans 10 ans. L’état des lieux dressé à l’occasion de la conférence des ministres francophones chargés des inforoutes (Montréal 19/21 mai 1997) met en valeur les déficits existants mais aussi les perspectives de changements rapides.

Les gouvernements ont engagé des plans pour améliorer la couverture téléphonique dans les années à venir. Au Cambodge, un plan sur 5 ans (1994-1998) vise à reconstruire le réseau et à arriver à 1 poste par commune en l’an 2000. Au Laos, le gouvernement a lancé un plan de modernisation dès 1987. Au Vietnam, un programme de développement a été élaboré pour aller jusqu’à la fin du siècle. L’objectif est d’atteindre une densité équivalente à 5 postes pour 100 habitants ce qui représenterait un parc téléphonique de 4 millions de postes installés. Les services de télécopie, de téléphonie mobile de type GSM, le développement du télétravail, font aussi partie des priorités de ce plan. Tout comme l’amélioration de la couverture téléphonique de l’ensemble du territoire. Cette préoccupation est primordiale, en Asie du Sud Est comme dans les autres pays en développement, où les réseaux desservent surtout les grandes villes au détriment des zones rurales qui concentrent pourtant le plus de populations. Le Cambodge illustre parfaitement cette situation. 90 % des abonnés habitent Phnom Penh, la capitale, où l’on atteint une densité téléphonique nettement supérieure à celle du pays pris dans sa globalité (1,6). Au Laos, des centraux à système de commutation numérique n’ont été installés que dans les grandes villes (Ventiane, Luang Phrabang, Boolikhamsay...). Au Vietnam, les 53 provinces en bénéficient mais 51 % des communes sont couvertes par les services téléphoniques.

Ces trois Etats ont aussi entrepris d’améliorer les réseaux de transmission inter-régionaux et internationaux. Développement économique oblige. Le Vietnam, par exemple, est maintenant relié par un câble sous-marin avec la Thaïlande et Hong Kong. Ce câble permet aussi une liaison avec plusieurs pays d’Asie, l’Australie et certains centres commerciaux d’Amérique du Nord et d’Europe. Il assure 30 % des télécommunications internationales du pays. Le Vietnam est de la même manière en train de s’engager dans la réalisation d’un câble en fibre optique terrestre qui le relierait avec la Chine, le Laos, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour. Le réseau de télécommunications par satellite a aussi connu de nettes améliorations ces dernières années. Plusieurs stations terriennes reliées à Intelsat et à Intersputnik ont été installées au Vietnam.

A quand Internet ?

Dans ce contexte, il est clair que des progrès énormes restent à réaliser pour permettre une diffusion large d’Internet. Pour l’instant, l’accès est très limité tant sur le plan technique que sur le plan politique. Au Vietnam, les communautés scientifiques sont les principales utilisatrices de la connexion au réseau. Mais elles ne peuvent utiliser que la messagerie électronique. Des réseaux intérieurs de type X25 permettent aussi des transferts de fichiers. Ils relient entre elles plusieurs dizaines de villes du pays et sont surtout utilisés par les grandes sociétés. La connexion totale à Internet devrait être réalisée dès que les restrictions politiques seront levées.

Le Cambodge bénéficie, quant à lui, d’une connexion par satellite à Internet établie récemment par une société américaine. Elle devrait tout d’abord être utilisée par les services administratifs et universitaires.

Comme dans l’ensemble des pays de la communauté, la francophonie a un rôle à jouer pour aider les trois pays asiatiques à étendre et moderniser leurs infrastructures. Le Vietnam, le Laos et le Cambodge attendent qu’elle agisse pour augmenter l’offre de contenus utilisant les patrimoines culturels francophones, qu’elle fournisse des outils de navigation, qu’elle encourage la numérisation des fonds culturels, la formation de ressources humaines qualifiées... Toutes mesures qui passent par des investissements financiers importants. Mais aussi par la création d’un espace informatique francophone, la multiplication des serveurs spécialisés en culture, éducation, formation continue, information spécialisée et le renforcement des structures multilatérales (Agence de la francophonie, Aupelf-Uref) qui ont engagé le combat des inforoutes.

Valérie Gas - RFI 15/05/97