Café, cacao : le marché en pleine mutation
Généralement, on explique la déprime
persistante sur les marchés des matières
premières agricoles tropicales, café, cacao,
caoutchouc par un phénomène cyclique
traditionnel. Mais cette atonie générale n’est
pas seulement due à une surproduction
passagère provoquée par des cours mondiaux
élevés il y a quelques années qui auraient poussé les
producteurs à vouloir vendre plus pour profiter de l’aubaine. C’est
aussi dû à une mutation structurelle, à un déplacement des
principaux centres de production.
Le meilleur exemple, c’est bien sûr le Vietnam devenu en dix
ans, le premier producteur mondial de café robusta et qui se
lance maintenant dans l’arabica. «Dans le café, lance un expert
qui cite aussi l’émergence de l’Indonésie, la percée asiatique est
dramatique.» Et il est vrai qu’une région comme l’Afrique qui n’a
jamais réussi à s’imposer au premier plan risque d’en faire les
frais.
Cette évolution géographique des zones de production n’est pas
une nouveauté dans le monde des matières premières. Ainsi le
caoutchouc, jadis quasi-monopole brésilien vient-il maintenant
surtout d’Asie. Et la Malaisie qui fut le pionnier de ce transfert en
produit de moins en moins car, rançon du décollage économique
de ce pays, la main d’œuvre locale est devenue trop chère. Le
caoutchouc c’est donc de plus en plus la Thaïlande et
l’Indonésie. Le cacao a vécu la même aventure. Découvert en
Amérique latine, développé au Brésil, il explosera en Afrique,
d’abord au Ghana puis en Cote d’Ivoire bien après la seconde
guerre mondiale. Avant de commencer à migrer vers l’Asie, en
Papouasie Nouvelle Guinée, en Malaisie, en Indonésie,
aujourd’hui le troisième producteur mondial. Et le Vietnam est en
train de s’y mettre.
Par Jean Pierre Boris - Radio France Internationale, le 17 Octobre 2001.
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