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Les scientifiques vietnamiens au secours d'une momie unique au monde

DAU - Des scientifiques vietnamiens ont décidé de réparer pour la sauver de la destruction la momie de Vuc Khac minh, un moine bouddhiste mort au 17e siècle, préservée selon une méthode mystérieuse unique au monde et aujourd'hui menacée par les ravages du temps. "Contrairement aux momies d'Egypte, d'Amérique Latine, ou d'autres régions du monde, la momie de Vuc Khac Minh, moine supérieur de la pagode de Dau, comporte tous ses organes internes, cerveau, coeur, foie, ce qui en fait un exemple unique", a expliqué à l'AFP le professeur Nguyen Lan Cuong, directeur de la section d'anthropologie de l'Institut d'Archéologie de Hanoi.

Cette momie recouverte de laque rouge, la seule répertoriée au Vietnam, a souffert au cours des siècles du climat tour à tour torride et froid du nord du Vietnam et des assauts des insectes. "Il est impératif de la sauver avant qu'elle ne disparaisse", estime le Pr. Cuong. La momie de Vu Khac Minh, mort en 1639 selon une stèle de l'époque érigée dans la pagode, est conservée sous une chasse de verre en position méditative dite du "lotus" dans la pagode de Dau dont il fut le supérieur, au milieu des rizières, à une trentaine de kilomètres de la capitale vietnamienne. D'un réalisme anatomique étonnant, la momie présente aujourd'hui de larges fissures au sommet du crane et sur les jambes.

"Selon les traditions locales, le supérieur Minh avait décidé d'atteindre le Nirvana par la méditation et s'était enfermé dans une petite chapelle de la pagode où il avait demandé à ses disciples de le laisser méditer cent jours", précise le professeur. Passé ce délai, "les moines de la pagode ont ouvert la porte de la chapelle et ont découvert le corps sans vie mais intact de leur supérieur dans la position qu'il a conservée jusqu'à ce jour", précise M. Cuong. Le corps a alors été recouvert de feuilles d'argent, puis de couches de laque et a été placé à l'intérieur du bâtiment principal de la pagode, sans qu'aucune technique d'embaumement particulière soit mise en oeuvre.

"Des examens radiographiques de la momie attestent que tous ses os et ses organes sont encore en place, comme au moment de la mort du moine, ce qui rend sa conservation pendant plus de trois siècle très mystérieuse", ajoute le professeur. "La momie, qui ne pèse que 7 kilos, semble avoir subi un processus naturel de dessication, nous n'avons pas d'autres explications car aucun produit ne semble avoir été utilisé pour l'embaumer", dit-t-il. L'équipe du professeur Cuong, qui mène des recherches sur cette momie depuis plus de dix ans a demandé depuis plusieurs années le feu vert du ministère de la Culture et des autorités religieuses bouddhistes pour entamer sa restauration.

"Nous prévoyons de restaurer la momie sur place, dans l'enceinte de la pagode de Dau, nous appliquerons à l'intérieur de la momie un traitement destiné à détruire les micro-organismes vivants, puis nous refermerons les fissures à l'aide de la laque d'origine dont avons reconstitué la composition", précise M. Cuong. "Mais nous avons besoin de 360 millions de Dongs (24.000 dollars) nécessaires pour mener à bien l'opération', ajoute-t-il en précisant que ces fonds n'ont pas été réunis. M. Cuong estime que la momie est un "trésor national du Vietnam" et qu'il est donc hors de question de faire appel à des financements étrangers pour mener à bien l'opération "malgré les nombreuses offres reçues du monde entier".

De son côté, le supérieur actuel de la pagode, Thich Thanh Nhung, estime que la conservation mystérieuse de son lointain prédécesseur "est naturelle pour les bouddhistes et illustre le pouvoir sur son corps que peut acquérir celui qui atteint un niveau élevé grâce aux enseignements du bouddhisme". Pressé de donner son avis sur la restauration de la momie, il se contente de souhaiter que celle-ci soit réalisée "dans le respect des croyances religieuses et des critères scientifiques"

Agence France Presse, le 17 Juin 2001.