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Les robustas brésilien et vietnamien rois des « mélanges »

Le facteur prix n'est pas le seul élément qui explique la perte de part de marché des robustas d'Afrique face aux cafés du Vietnam, du Brésil ou d'Inde. La qualité du conditionnement pousse également les torréfacteurs vers ces origines.

Dans les mélanges des torréfacteurs, qu'ils soient en grains ou moulus, les robustas du Vietnam ou du Brésil, le conillon, chassent les cafés d'Afrique. Cette tendance, apparue depuis trois ou quatre ans, de l'avis de tous les négociants, s'accélère. Les torréfacteurs ramènent au strict minimum le niveau des robustas d'Afrique de l'Ouest pour que la « tasse » conserve son arôme. Mais, de plus en plus, ils optent pour une formule où un duo Vietnam-Brésil domine, renforcé par un robusta d'Inde avec pour complément un café africain. Deux facteurs expliquent la marginalisation des robustas d'Afrique de l'Ouest dans les mélanges : le prix et la qualité du conditionnement. Le facteur prix apparaît de loin le plus déterminant.

Hier, un robusta de type grade II du Vietnam se négociait sur la base du cours à Londres sur le Liffe d'une décote de 40 dollars. Son homologue africain, de Côte d'Ivoire par exemple, s'achetait entre 50 et 70 dollars au-dessus du terme sur une base coût et fret (CAF). Le grade I vietnamien, c'est-à-dire un très beau café avec peu de déchets et bien calibré, se traitait, hier, à parité contre le terme alors que les robustas africains affichaient des primes, à qualité égale, de 100 à 150 dollars au-dessus du terme selon les origines. Sur les robustas du Brésil, les conillons, les décotes ne sont pas aussi importantes que sur le vietnam.

Le conditionnement apprécié. Mais, comme son homologue asiatique, les acheteurs européens apprécient la régularité des expéditions et surtout la qualité du conditionnement. « Sur un conteneur de vietnam, confirme un négociant, les accidents ou les mises en arbitrages sont rares. Sur les robustas d'Afrique de l'Ouest, quand tout se passe bien on est dans l'exception. »

Du coup, les torréfacteurs privilégient de plus en plus les origines « professionnelles », constate un trader, surtout lorsque les coûts de fret abaissent la facture. Hier, sur une base d'un achat FOB, c'est-à-dire laissant le coût du fret et de l'assurance à la charge de l'acheteur, il était moins onéreux d'acheminer un café du Vietnam ou d'Inde sur un port d'Europe du Nord que de transporter un café d'Afrique de l'Ouest. Pourtant, le temps en mer est trois fois plus long entre l'Asie et Rotterdam qu'avec l'Afrique de l'Ouest sur la même destination.

Cette différence pousse même les torréfacteurs, dans leurs « moulus », à prendre des robustas haut de gamme en provenance du Vietnam ou d'Inde pour remplacer les grades I africains qui, le plus souvent, doivent être retravaillés à l'arrivée. D'ailleurs, le problème du conditionnement à l'origine en Afrique de l'Ouest rend caduques les politiques commerciales pratiquées par certains pays exportateurs africains. Ces derniers, pour limiter l'érosion de leur part de marché, sont tentés par une politique volontariste de baisse du différentiel. Mais, constate un négociant, « à quoi cela sert de comprimer le différentiel d'origine, si ce que l'on gagne d'un côté se perd à l'arrivée lors du reconditionnement. Dans ce cas, autant acheter vietnam et réserver aux Africains la part incompressible de cette origine dans les mélanges ».

Par Guy André Kieffer - La Tribune - le 18 Janvier 2002.