~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Après vingt-huit ans d'exil, l'ex-maréchal Ky retourne au Vietnam

BANGKOK - "Ses déplacements ne sont pas limités. Il revient simplement pour célébrer le Têt comme n'importe quel Vietnamien d'outre-mer", a déclaré le ministère des affaires étrangères à Hanoï. Un visiteur comme les autres ? Sûrement pas puisqu'il s'agit de Nguyen Cao Ky, ancien premier ministre et ancien vice-président d'une République du Vietnam, celle de Saïgon, défaite par les armes en 1975. Ky est attendu mercredi 14 janvier à Ho Chi Minh-Ville, l'ex-Saïgon, d'où il gagnera son Nord natal.

En novembre 1963, les Américains s'étaient débarrassés de l'impopulaire Ngo Dinh Diem, pion devenu rétif, assassiné lors d'un coup d'Etat. Peu de généraux semblaient alors faire l'affaire, les uns étant jugés "neutralistes" et d'autres incontrôlables. Les espoirs de Lyndon Johnson s'étaient alors reportés sur un jeune aviateur formé par les Français, le va-t-en-guerre vice-maréchal de l'air Ky, ainsi promu premier ministre en 1965.

Le pilote de chasse ne s'était pas contenté, à l'époque, de signer des bombes destinées à être larguées sur le Nord. Il avait également rompu les relations diplomatiques avec Paris pour protester contre la neutralité de la France. "Qui est Ky ?", aurait rétorqué Charles de Gaulle en apprenant la nouvelle, un an avant son fameux discours de Phnom Penh.

Au-delà de ses bravades, le général Ky n'a pas longtemps fait le poids. Dès 1967, il a dû céder le pas à un autre officier, le général Nguyen Van Thieu, plus retors et, à l'expérience, plus difficile à manier. Un temps vice-président sans grande influence, le maréchal Ky devait prendre la route de l'exil le 29 avril 1975, la veille de la chute de Saïgon pour mener, aux Etats-Unis, un bien modeste train de vie.

Ky songeait depuis quelques années à se rendre au Vietnam, où il aurait souhaité être reçu avec quelques égards, en raison de ses anciennes fonctions.

"Beaucoup n'ont pas oublié le général anticommuniste Nguyen Cao Ky, qui s'est opposé à notre peuple, mais nous pensons que notre peuple ne doit pas regarder en arrière", a répliqué le Cong An Nhan Dan, quotidien du ministère de la sécurité, dans un clin d'œil évident à la forte diaspora vietnamienne.

Agé aujourd'hui de 72 ans, de nationalité américaine, le général Ky se rendra à Hanoï ainsi qu'à Son Tay, sa ville natale, à proximité de la capitale, afin d'y célébrer, le 22 janvier, le Têt ou Nouvel An vietnamien.

Singulière coïncidence, il s'agit du Têt Mau Than, celui de l'année du Singe, au cours duquel les communistes en profitèrent, en 1968, pour lancer des attaques qui retournèrent le public américain contre la guerre.

Par Jean Claude Pomonti - Le Monde - 12 Janvier 2004