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Le Vietnam veille au grain du Mali

Un échange de savoir-faire rizicole favorisé par la ville de Montreuil.

Le savoir-faire vietnamien en matière de riziculture au secours de l'une des régions les plus pauvres du Mali : c'est l'idée originale qui a germé dans l'esprit du maire de Montreuil, ville de la banlieue parisienne jumelée à la région malienne de Yélimané, lors d'un déplacement en Asie, à l'automne 1999. Une idée qui pourrait devenir réalité dans les prochains mois. Le 12 mai, une charte d'intention résumant les grandes lignes de ce projet franco-vietnamo-malien sera présentée aux bailleurs de fonds pressentis (Caisse des dépôts et consignations, Agence française du développement, etc.). S'ils répondent présents, la mise en oeuvre de cette initiative de coopération «Sud-Sud» lancée par une ville du Nord devrait démarrer à l'automne.

Jumelage. Cent quarante mille personnes survivent dans des conditions précaires dans le cercle de Yélimané, une zone déshéritée du nord du Mali. La pauvreté des sols, conjuguée à une baisse sensible de la pluviométrie, a poussé des dizaines de milliers de personnes à l'exil. Montreuil est bien placé pour le savoir : la plupart de ses résidents maliens (estimés entre 6 000 et 10 000 personnes), des Soninké, sont originaires de cette région. Jumelé avec le cercle de Yélimané depuis 1985, Montreuil a déjà soutenu trois programmes de développement locaux par le truchement d'une association, l'Omri (Office montreuillois des relations internationales). Mais c'est lors d'une visite dans la province vietnamienne du Haï Duong que son maire, Jean-Pierre Brard (apparenté PCF), a eu une illumination : pourquoi ne pas demander aux autorités de cette riche région agricole d'apporter leur savoir-faire en matière de riziculture aux Maliens ? Toujours prêts à coopérer avec «les peuples frères d'Afrique», les Vietnamiens ne se sont pas fait prier. Sollicitée, la FAO (l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), qui parie de plus en plus sur des coopérations décentralisées pour assurer la sécurité alimentaire des populations en difficulté, a accepté de fournir une assistance technique. Tout ce petit monde s'est rendu dans le nord du Mali au printemps 2003, pour évaluer les besoins locaux.

D'un coût relativement modeste (10,7 millions d'euros sur quatre ans), ce projet global ­ qui prévoit aussi l'intensification des cultures maraîchères, du sorgho et du maïs ­ vise à développer quelque 800 hectares de riziculture en installant de nouveaux barrages pour accroître les surfaces irriguées. «Il y a de l'eau dans cette région, mais tout le problème est de la conserver, car les précipitations sont aussi violentes que brèves», explique-t-on à la FAO. Les Vietnamiens devraient envoyer à Yélimané deux experts et cinq techniciens, munis de semences de riz réputées plus fertiles que celles utilisées traditionnellement dans la boucle du Niger. Outre la participation financière des résidents maliens de Montreuil (qui envoient chaque mois l'essentiel de leur maigre salaire pour aider au développement de leur région natale), les populations locales devraient être étroitement associées au projet.

Pionnier. Les autorités de Bamako ne demandent que cela. «Notre pays est un immense chantier, résume Djélaba Diakité, de l'ambassade du Mali à Paris. Nos priorités, c'est que les gens mangent à leur faim, qu'ils soient en bonne santé et que les enfants aillent à l'école.» De son côté, la FAO attend beaucoup de ce projet pionnier pour pousser les feux sur sa nouvelle marotte : les coopérations décentralisées. Des projets de ce type sont actuellement en cours d'étude entre Rome et Kigali ou encore entre la Savoie et Haïti.

Par Thomas Hofnung - Libération - 4 Mai 2004.