~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Le Vietnam, pays de football, malade de ses résultats

Sur la planète football, nul ne s'en soucie mais au Vietnam, on ne parle que de ça: après une défaite humiliante à Hanoï face à l'Indonésie samedi dernier, l'équipe nationale vietnamienne de football a perdu son sélectionneur étranger, le septième en neuf ans. La démission du Brésilien Edson Tavarès est intervenue juste après cette défaite au premier tour de la Tiger Cup, qui regroupe dix pays du sud-est asiatique. Pour la première fois depuis 1996, le Vietnam n'ira pas au second tour.

L'ambiance est morose dans ce pays où le foot est une véritable religion et dont la population s'arrête de travailler tous les quatre ans pour regarder la Coupe du monde, même si une qualification du Vietnam relève aujourd'hui du fantasme. "Le niveau du football vietnamien s'est détérioré de jour en jour au cours des dernières années", analyse Tran Thanh Thao, spécialiste du foot au quotidien Thanh Nien. "Le toit de la maison de la VFF est percé. La fédération court derrière les succès de l'équipe nationale sans investir dans la formation des jeunes". En 1995, Tavarès avait été pendant six semaines le premier entraîneur étranger du pays. Cette fois, il aura tenu moins de dix mois. Mais son échec n'est qu'un exemple parmi d'autres des faiblesses de la Fédération vietnamienne de football (VFF).

Valse des entraîneurs

Moyens financiers insuffisants, politique incohérente, championnat professionnel gangrené par les matches achetés et la corruption: la débâcle est complète. D'autant que malgré cet engouement populaire, le foot n'est la priorité de personne. "Beaucoup des dirigeants de la VFF assurent à la fois plusieurs fonctions administratives et s'occupent très peu des questions de football", insiste Thao. Son président, Mai Liem Truc, est ainsi en même temps vice-ministre des Télécoms. Mais le problème le plus grave est sans doute la valse des entraîneurs. "Aucun pays dans le monde n'a changé sept fois d'entraîneurs en neuf ans. On en change comme de chemise !", s'emporte Thao.

"La nature du problème... se trouve au sein de la VFF", renchérit Nguyen Van Vinh, entraîneur de l'équipe professionnelle de Hoang Anh Gia Lai (centre). "Elle veut uniquement signer des contrats courts avec les entraîneurs étrangers pour pouvoir les limoger plus facilement en cas de mauvais résultats". Depuis 1995, tous les entraîneurs ont connu des difficultés avec la fédération, entre absence de responsabilités et divisions internes, conflits d'intérêts et pressions diverses. "La plupart des entraîneurs étrangers ne veulent pas rester travailler longtemps au Vietnam. Ils ont raison", relève un entraîneur de la capitale.

Aujourd'hui, le foot vietnamien, exutoire idéal d'un fort nationalisme, est en crise et ne voit aucune issue. "J'espère que la VFF fera de profondes réformes", commente un joueur professionnel. "Il le faut si l'on ne veut pas que les fans vietnamiens tournent leur dos à leur propre football".

Agence Télégraphique Suisse - 16 Décembre 2004.