Madagascar: des spécialistes vietnamiens pour relancer la riziculture
Trente experts et techniciens vietnamiens sont
arrivés en début de semaine à Madagascar, où
ils doivent aider pendant deux ans les
agriculteurs malgaches à améliorer le rendement
de leurs cultures de riz dans vingt sites pilotes,
selon la FAO à Madagascar.
"L'arrivée de ces 30 Vietnamiens fait partie de
notre action appelée +programme spécial de
sécurité alimentaire sud-sud+", a déclaré à l'AFP
Martin Smith, représentant de l'organisation des
Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation
(FAO) à Antananarivo.
"C'est la deuxième vague de Vietnamiens que
nous faisons venir. Dix-huit étaient déjà là en
2001-2002 sur 14 sites pilotes. Ils ont permis
aux paysans d'augmenter sensiblement leur
rendement de paddy (riz non décortiqué),
passant de moins de deux tonnes à l'hectare à
quatre à sept tonnes, suivant les zones", a-t-il
poursuivi.
"Ces experts et techniciens vietnamiens ont
déjà fait leurs preuves et sont vraiment très
compétents", a estimé Harison Randriarimanana,
directeur général du Développement des régions
au ministère malgache de l'Agriculture.
"Ils n'hésitent pas à mettre les pieds dans la
boue, ce qui plaît beaucoup à nos paysans. Nos
+anciens+ techniciens vulgarisateurs, eux, se
contentaient de garer leur moto au bord de la
rizière et de crier leurs ordres", a-t-il poursuivi.
"Pour cette nouvelle vague, chaque technicien
vietnamien sera doublé d'un jeune technicien
malgache. Ils formeront un binôme, qui assurera
un meilleur transfert de compétences", a-t-il
conclu.
Le chef de la mission vietnamienne, le
professeur Pham Xuan Dzung, avance les
raisons de l'échec malgache. "Le première
problème vient du paysan malgache lui-même,
c'est son analphabétisme", a-t-il-expliqué.
"Ajoutez à ça sa pauvreté chronique, qui
l'empêche d'acheter les matériels, engrais,
désherbants ou semences améliorées
nécessaires, plus une mauvaise maîtrise de
l'eau, et vous comprenez pourquoi cela ne
démarre pas", a-t-il continué.
Pour cette mission, les spécialistes vietnamiens
touchent de la FAO 1.000 dollars en moyenne
par mois, tous frais payés, auxquels s'ajoute
leur paie de fonctionnaire vietnamien (environ
200 dollars).
Selon les statistiques de la FAO, la production de
riz au Vietnam, aujourd'hui deuxième
exportateur mondial, a triplé en 20 ans, passant
de 11,5 millions de tonnes en 1980 à 34 millions
en 2002 (+200%).
A Madagascar, elle a progressé de 25%
seulement sur la même périodemillions de
tonnes contre 2,6), malgré 15 ans d'intervention
appuyée par les bailleurs de fonds,
principalement la Banque Mondiale (BM), l'Union
européenne (UE) et l'Agence Française de
Développement (AFD).
Pour satisfaire la demande intérieure,
Madagascar doit donc importer du riz, dans des
quantités qui ont considérablement augmenté
ces dernières années: 43.000 tonnes en 1998,
264.000 en 2001.
Par Patrick Mercier - Agence France Presse - 22 Octobre 2003.
|