~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

[Année 1997]
[Année 1998]
[Année 1999]
[Année 2000]
[Année 2001]

Le Vietnam fait son retour avec quatre autres films asiatiques à Locarno

LOCARNO - Le Vietnam est revenu après une absence de sept ans sur les écrans du festival de films de Locarno (Suisse) où les chances de l'Asie de remporter le "Léopard d'or" sont renforcées par une présentation surprise d'un film interdit en Chine. Après le grand succès remporté en mai dernier par les films asiatiques au festival de Cannes, cinq prétendants asiatiques -trois chinois, un japonais, un vietnamien- sont en compétition à Locarno, face à une forte sélection de films européens et à un film américain. Les prix seront décernés samedi.

La surprise est venue d'un film interdit en Chine, "Baba", ou "Père", unique film réalisé en 1996 par l'écrivain, essayiste, scénariste et réalisateur Wang Shuom. Il décrit l'écroulement de l'autorité dans la Chine moderne à travers une relation difficile entre père et fils. Adoptant un ton tragi-comique empli d'allusions au régime communiste et à la société chinoise d'aujourd'hui, le film avait été interdit par l'office du cinéma avant même qu'il ne soit soumis à la censure officielle.

De son côté, le réalisateur vietnamien Dang Nhat Minh a présenté "Mua Oi" - la "Saison des goyaves" - projeté jeudi soir en plein air sur la Piazza Grande de Locarno à un public favorablement impressionné. Le film relate l'histoire de Hoa, un quinquagénaire qui a perdu ses esprits après être tombé, enfant, d'un goyavier dans le jardin de sa famille. Prisonnier de sa mémoire, il est obsédé par l'idée de revenir à sa maison d'enfance qui a été expropriée par l'Etat après le retrait de l'armée française et qui a ensuite été vendue à un haut fonctionnaire. Avec les scènes du passé et du présent en alternance, Dang offre le portrait d'un innocent qui veut revenir à son enfance, et à travers cette histoire celle du Vietnam depuis son indépendance. Le cinéaste, qui a commencé sa carrière dans la réalisation de documentaires en 1965, déplore la perte de "la sagesse de l'enfance", estimant qu'"il n'y a plus de place pour l'innocence et la spontanéité" dans le monde d'aujourd'hui.

Egalement en compétition pour le Léopard d'Or, le film japonais "Hotaru", seconde oeuvre de Naomi Kawase, raconte l'amour d'un jeune couple dont les protagonistes doivent tous deux faire face à des deuils. Un autre film qui retrace un bout d'histoire asiatique à travers une histoire personnelle est "Little Cheung" ou "Xilu Xiang" de Fruit Chan, cinéaste chinois de Hong Kong. Par les yeux d'un petit garçon de 9 ans, Fruit Chan, qui avait reçu en 1997 le prix spécial du jury à Locarno pour "Made in Hong Kong", observe le passage du territoire de la tutelle britannique à la souveraineté chinoise.

Cinquième film asiatique présenté, "Feichang Xiari" ou "A Lingering Face" par le réalisateur chinois Lu Xuechang dresse le portrait d'un jeune homme à la recherche de son identité dans la Chine contemporaine. Lu appartient à un groupe de réalisateurs farouchement indépendants dont le travail est influencé par la répression des manifestations d'étudiants de la place Tienanmen en 1989.

Le festival de Locarno, sur les rives du lac Majeur, a la réputation d'offrir un large éventail de films, tant par les styles que par les nationalités représentées. Mais la compétition internationale --qui cette année comprend 18 films de 15 pays -- est traditionnellement une combinaison de "nouveau" et de "jeune" cinéma.

Agence France Presse, le 10 Août 2000.