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Le parti communiste tente de reprendre en main la situation


HANOI, 28 déc - La désignation du général Lê Kha Phiêu à la tête du parti communiste vietnamien permet au PCV de tenter de reprendre en main la situation après une longue période de flottement et a été précipitée par les événements au Vietnam comme en Asie du sud-est.

Elle confirme aussi le mouvement ascendant de l'armée au Vietnam en cette période troublée. "L'armée veut défendre ses intérêts et avoir une part importante du gâteau", a estimé dimanche une source du Parti.

La décision prise, selon des sources sûres, par le comité central réuni en plénum à Hanoï, et qui ne sera annoncée que lundi, a surpris beaucoup de diplomates qui soulignaient que ce plénum devait officiellement à l'origine n'être consacré qu'aux réformes économiques.

"Les choses ont été précipitées", a estimé un diplomate occidental, "d'habitude le secrétaire général du PCV meurt en fonction ou est remplacé par un congrès, jamais un plénum n'a pris pareille décision".

Mais après des mois de paralysie due à l'impossibilité du PCV de trouver un successeur à son secrétaire général Dô Muoi, 80 ans, le consensus a finalement été atteint sur le nom du général, 66 ans, tenant de l'aile dure du PCV et chef du puissant Département politique de l'armée.

Lê Kha Phieu a dû faire face pendant des mois à l'opposition notamment d'une partie de l'armée mettant en cause ses compétences et à l'émergence d'une autre candidature, celle de Nguyên Van An, membre peu influent du Bureau politique.

Pendant toute cette période, le Parti a donné l'impression d'être incapable de prendre des décisions, alors même que les menaces intérieures et extérieures s'accumulaient.

"Ce sont les troubles paysans et la crise monétaire en Asie du sud-est qui ont précipité le mouvement", estime ainsi un diplomate, "le Vietnam a un grand besoin de stabilité et d'une vraie politique économique".

Les manifestations paysannes, violentes parfois, contre la baisse des revenus et la corruption dans plusieurs provinces ont fortement ébranlé un PCV redoutant un effet de contagion incontrôlable dans un pays ou 80% de la population vit dans les campagnes.

La crise en Asie du sud-est a rendu encore plus apparente la fragilité de l'économie vietnamienne, à un moment où Hanoï est pressé de toutes parts de procéder à des réformes structurelles.

Ces événements destabilisateurs ont renforcé les positions de l'aile ultra-conservatrice dont le général Phieu est la figure de proue. "Sa désignation traduit le souci du Parti de consolider son contrôle et de stabiliser la situation politique", estime ainsi un gradé de l'armée.

Grâce à cette victoire "qui montre que finalement il était le plus fort", "Le Kha Phieu pourra compter sur le soutien du Parti et de l'armée", selon un diplomate qui ajoute: "le Vietnam a besoin d'un exécutif fort".

Mais l'ascension au poste de numéro un du régime d'un farouche partisan du maintien d'un contrôle fort de l'Etat sur l'économie et qui est peu familier des mécanismes de l'économie de marché n'est pas à prirori un signal encourageant pour une accélération des réformes économiques.

Après l'annonce de l'arrivée du général Phieu au sommet, les décisions du plénum sur les réformes --auquel le comité central a consacré l'essentiel de ses discussions depuis lundi dernier-- seront donc attendues avec grande impatience, de même que les modifications apportées au Bureau politique

AFP - Pascale TROUILLAUD.