Condamnation de Le Chi Quang: Hanoï déterminé à contrôler l'internet
Le Vietnam a réaffirmé sa détermination à empêcher
l'internet de devenir un forum de la dissidence
intérieure en condamnant vendredi le
"cyberdissident" Le Chi Quang à 4 ans de prison
ferme.
Le Chi Quang, qui avait publié sur internet des
articles critiques à l'égard du régime communiste a
été condamné pour "délit d'opposition à l'Etat de la
république socialiste du Vietnam" à l'issue d'un
procès de quelques heures devant le tribunal
populaire de Hanoï, interdit à la presse étrangère.
"Les autorités communistes de Hanoï ont ainsi lancé
un avertissement aux dissidents qui seraient tentés
d'utiliser l'internet pour répandre des idées sur la
démocratie ou d'autres sujets contraires à la ligne du
régime", a noté un diplomate occidental en poste
dans la capitale vietnamienne s'exprimant sous le
couvert de l'anonymat.
Le Chi Quang avait été arrêté le 21 février dans un
café internet de Hanoï, et il était détenu depuis pour
avoir publié sur internet une lettre sur la situation des
zones frontalières avec la Chine, qu'il avait adressée
au président chinois Jiang Zemin à la veille d'une
visite officielle au Vietnam.
Ce professeur d'informatique, qui accusait Hanoï
d'avoir fait des concessions territoriales à la Chine,
avait fait circuler également des documents
favorables à la démocratie.
Le Chi Quang est l'un des trois "cyberdissidents"
arrêtés depuis le début de l'année par les autorités
qui les soupçonnent d'utiliser ce nouveau moyen pour
échapper aux contrôles de l'Etat.
Son Hong Pham, médecin et représentant d'une firme
pharmaceutique, avait été arrêté fin mars à Hanoï
après avoir traduit et diffusé sur internet un article
intitulé "Ce qu'est la démocratie", extrait des pages
du site de l'ambassade des Etats-Unis à Hanoï. Un
autre "cyberdissident, Tran Khue, avit subi le même
sort pour avoir publié sur Internet des articles
critiques à l'égard des autorités vietnamiennes.
"Cette condamnation, ainsi que les restrictions à
l'accès à l'internet et la mise en place de +firewalls+
autour des sites des opposants installés à l'étranger
démontrent que Hanoï n'entend pas relâcher ses
restrictions à la libre expression", a ajouté un autre
diplomate.
Depuis juin, l'accès libre à l'internet et à la télévision
par satellite est réservé aux cadres du parti
communiste et du gouvernement vietnamiens, les
responsables des cybercafés étant de leur côté tenus
de surveiller l'usage de l'internet par leurs clients.
La direction des postes et télécommunications a de
son côté demandé aux autorités des 61 provinces du
pays et aux responsables municipaux de punir les
coupables de diffusion de documents de la
dissidence.
Le département a aussi demandé aux ministères et
agences gouvernementales de dresser une liste des
sites internet interdits.
Les autorités exercent un contrôle étroit du réseau
informatique depuis son introduction au Vietnam en
1997 et le courrier électronique est régulièrement
surveillé.
Le Premier ministre Phan Van Khai a ainsi récemment
ordonné que l'accès aux sites contenant des "secrets
d'Etat" et à ceux affichant des "documents
réactionnaires" soit interdit dans les cybercafés.
Le nombre officiel des abonnés au réseau mondial
était de 175.000 au Vietnam avant la mise en oeuvre
de ces restrictions. Mais près de 600.000 personnes y
auraient accès, essentiellement par le biais des
quelque 4.000 cybercafés du pays.
"Coincidence ou non, la condamnation de Le Chi
Quang intervient le jour même où doit avoir lieu à
Washington la dixième session du dialogue entamé
entre le Vietnam et les Etats-Unis sur les droits de
l'homme", a encore indiqué ce diplomate.
Une délégation vietnamienne comportant des
responsables des ministère vietnamiens des Affaires
étrangères, de la Justice et de la Sécurité publique
doit évoquer "les droits de l'homme et la liberté
religieuse" avec des responsables du Bureau du
Départment d'Etat pour la démocratie et les droits de
l'homme, selon un communiqué de l'ambassade des
Etats-unis à Hanoï.
Par Philippe Perdriau - Agence France Presse - 8 Novembre 2002.
Jugement d'un réactionnaire à l'encontre de l'état vietnamien
HANOI - Lê Chi Quang, né en 1970, a été condamné à quatre ans de prison ferme et à trois ans de résidence surveillée par le Tribunal populaire de Hanoi pour "propagande à l'encontre de l'Etat de la République socialiste du Vietnam".
Ce verdict a été prononcé à l'issue du jugement ouvert vendredi à Hanoi par le Tribunal populaire municipal.
Lê Chi Quang, sans profession et domicilé au quartier Trung Liêt, arrondissement Dong Da de Hanoi, a été arrêté en flagrant délit, le 21 février 2002, par la Police locale. Il a distribué des documents à contenus réactionnaires, au détriment de l'Etat vietnamien. Durant l'inquisition, la police y a saisi des documents écrits par Lê Chi Quang lui-même, ayant des contenus malintentionnés dénaturant la vérité, les lignes et les politiques du Parti et de l'Etat vietnamiens. Ces documents ont été distribués par Quang depuis avril 2001. Le coupable a avoué ses délits.
Agence Vietnamienne d'Information - 8 Novembre 2002.
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