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Cours d'anglais aux francophones d'Asie, aux frais d'Ottawa

Le Canada versera 3,4 millions de dollars pour favoriser l'enseignement de l'anglais aux hauts fonctionnaires de trois membres de la Francophonie, soit le Viêtnam, le Cambodge et le Laos.

OTTAWA - Par contraste, le gouvernement fédéral apporte cette année une contribution de 150 000 $ pour un programme identique d'enseignement du français qui s'adresse, lui, à l'ensemble des membres de la Francophonie et dont une minime partie des retombées iront à ces mêmes pays. Le tiers des participants à ce programme, selon un document de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie, proviennent de l'Europe centrale et orientale comme la Pologne, la Moldavie, la Roumanie, l'Albanie et la Bulgarie, tous membres de l'organisation.

Ainsi, alors qu'une petite poignée des 55 participants à ce programme de français sont originaires de l'Asie du Sud-Est, les cours d'anglais seront donnés, eux, à 350 fonctionnaires de ces trois pays, y compris quelques ressortissants du minuscule Timor-Oriental, pour assurer leur participation aux organisations internationales comme l'OMC (Organisation mondiale du commerce), l'APEC (Asie-Pacifique) et l'Anase (Association des nations d'Asie du Sud-Est). Ce soutien à l'anglais dépasse de loin les efforts du Canada pour soutenir la promotion du français dans ces mêmes pays, malgré la volonté officielle de la Francophonie de développer l'utilisation du français dans les organisations internationales.

Un porte-parole de l'Agence canadienne de développement international (ACDI), qui subventionne le projet, a expliqué au SOLEIL que le choix de l'anglais relevait des trois pays bénéficiaires, et non du Canada. Le centre de formation de Singapour a la capacité de donner également des cours de français, dit ce porte-parole, mais les trois membres de la Francophonie ont préféré l'enseignement de l'anglais pour leurs ressortissants.

La subvention de cette semaine s'ajoute à deux phases précédentes de formation à l'anglais, de sorte que le Canada aura fourni un total de 7,5 millions de dollars en tout pour enseigner l'anglais à des ressortissants de pays partageant l'usage de la langue française. À l'ACDI, le programme régional de l'Asie du Sud-Est, qui touche également l'Indonésie, les Philippines, la Malaisie et la Thaïlande en plus des pays dits francophones, comprend plusieurs autres volets favorisant la diffusion de l'anglais.

Ainsi, le Canada soutient « la création d'établissements et d'instituts culturels de langue anglaise associés aux centre d'éducation canadiens » et l'aide à l'apprentissage de l'anglais par les responsables des politiques commerciales de ces pays dans le cadre des négociations de l'OMC, à laquelle veulent s'associer le Viêtnam, le Cambodge et le Laos. Ottawa subventionne en outre un poste de professeur invité à l'Université (anglophone) de Toronto, une occasion dont s'est prévalu un universitaire vietnamien en 2000 et dont profite présentement un de ses collègues laotiens.

Fait à noter, le Canada ne sait pas exactement combien il donne à qui, sa contribution de près de 48 millions de dollars cette année à la Francophonie étant intégrée aux budget globaux de l'organisation. Le chantier Français et langues partenaires dispose dans ce cadre d'un budget de quelque 10 millions de dollars. Le Canada, globalement, fournit environ 20 % du budget, selon les données du ministère des Affaires étrangères, ce qui laisse aux analystes le soin de trouver eux-mêmes ce que fait le pays pour la promotion du français chez ses partenaires de la Francophonie.

L'aide bilatérale directe entre le Canada et le Viêtnam, le Cambodge et le Laos, par ailleurs, ne comprend aucun volet linguistique. Elle est plutôt axée sur la réduction de la pauvreté en milieu rural, le développement du secteur privé, la bonne gouvernance et, dans le cas du pauvre Laos, sur les besoins humains fondamentaux.

Par Raymond Giroux - Le Soleil - 4 Novembre 2002