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Le médecin breton bâtit un hôpital au Vietnam

L'hôpital franco-vietnamien d'Hô Chi Minh-Ville ouvre le mois prochain. Dix médecins français sont à l'origine du projet. Parmi eux, le Vannetais Michel Lacour. À la fois actionnaire et urologue, il y exercera quinze jours par an.

Il est rentré du Vietnam quelques jours avant Noël, afin de profiter des fêtes en compagnie de son épouse et de leurs trois enfants. Fin janvier, il quittera de nouveau Vannes à destination d'Hô Chi Minh-Ville, l'ancienne Saigon. Entre-temps, il aura retrouvé le service urologie de la clinique du Sacré-Coeur où, depuis des années, il exerce avec passion son métier de médecin spécialiste. Pour Michel Lacour, 44 ans, Parisien d'origine, l'énième semaine vietnamienne qui se profile ne constituera qu'une parenthèse supplémentaire dans son emploi du temps morbihannais. Mais celle-ci comptera sûrement davantage que les précédentes : elle correspondra à l'ouverture de l'Hôpital franco-vietnamien à la gestation duquel il a contribué en compagnie de neuf collègues français.

Superbe aventure. Ensemble, ils ont fondé l'association International Medical Consultants (IMC) pour faciliter l'accouchement du projet. « Un projet beau et novateur. Par le biais d'une autre association, conçue pour collecter des dons, l'établissement hospitalier soignera gratuitement les personnes les plus démunies. » Au passage, l'urologue vannetais loue l'obstination de celui qu'il dépeint comme le véritable initiateur du dossier, son confrère Jean-Marcel Guillon. Un pneumologue parisien qui a souvent pratiqué hors frontières, du Bénin au Brunei en passant par la Turquie. « Poussé par son sens de l'humanitaire, il s'était juré d'aider à la création d'un hôpital au Vietnam. Il y est parvenu. »

À l'ouverture, l'hôpital franco-vietnamien comptera cent lits. Et deux fois plus dans les trois ans. Il déclinera vingt-trois spécialités, offrira les plateaux techniques les plus performants du pays, avec neuf blocs opératoires et des équipements de la dernière génération. Michel Lacour raconte comment tout ça est devenu possible. « En piochant dans nos économies, nous, les fondateurs d'IMC, avons réuni un million de dollars (autant d'euros). Puis, nous avons tiré les sonnettes de la Banque mondiale, de la Banque asiatique d'investissement, de la Banque de développement du Vietnam et de la Proparco, son homologue française. Ensemble, elles nous ont consenti un prêt de 26 millions de dollars. S'y sont ajoutés les 14 millions de dollars investis par près de 400 spécialistes français, belges et suisses. Actionnaires de l'hôpital, comme nous, ils y exerceront aussi en tant que 'médecins rotationnels', à raison de deux semaines par an jusqu'en 2008. »

Depuis une vingtaine d'années, le Vietnam s'ouvre à l'économie de marché et Hô Chi Minh-Ville, la plus grande cité du pays (7 millions d'habitants) se développe de manière impressionnante. N'empêche ! Le système de santé vietnamien est à la traîne. Le gouvernement en a tellement conscience qu'il soutient les investissements étrangers dans ce secteur. Pas étonnant qu'il ait donc facilité les démarches administratives de Jean-Marcel Guillon et de ses amis. Le choix d'un terrain d'un hectare dans la zone de développement sud de Hô Chi Minh-Ville n'a été qu'une formalité. Et la construction du campus hospitalier n'aura, en gros, pris qu'un an. Mille ouvriers ont bossé, sans relâche, sur le chantier.

« Impressionnant », de l'aveu même de Michel Lacour. Comme ses confrères d'IMC, sans jamais avoir pris le temps de découvrir la baie d'Along, il a consommé ses derniers séjours en assurant la formation de praticiens vietnamiens, désarçonnés face aux lasers, endoscopes et autres imageries médicales issus de technologies très pointues. Le management médical, c'est aujourd'hui le boulot principal des médecins français fondateurs.

« Expérience humaine unique en son genre », l'hôpital franco-vietnamien va fonctionner avec vingt médecins du pays et dix-neuf médecins français, engagés pour deux ou trois ans. Avec aussi dix-sept équivalents temps plein, que représenteront les centaines de 'rotationnels' évoqués plus haut, dont Michel Lacour fait lui-même partie. Une vraie chaîne de solidarité. « Une quarantaine de personnes travaillent déjà sur place depuis plusieurs mois. Notamment des surveillants chargés de recruter du personnel et de le former à l'hygiène hospitalière », indique le médecin vannetais. Il sait que le nouvel établissement accueillera les classes plutôt aisées de la mégapole et du delta du Mékong, faute d'autres possibilités pour en équilibrer le budget. « Cependant, par éthique, il était fondamental que les plus pauvres puissent bénéficier de soins de qualité, gratuitement. Voilà pourquoi l'hôpital s'est adossé à une structure humanitaire. » C'est l'association FVH (Franco-Vietnamese Hospital). À elle de récolter le maximum de dons et de les gérer (1). Au moins jusqu'à ce que l'hôpital privé d'Hô Chi Minh-Ville devienne public. Pas avant 2053.

Par Alain Guellec - Ouest France - 9 Janvier 2003.