Les lacs de Hanoi menacés de disparaître
Il y a 10 ans, Hanoi comptait une quarantaine de lacs totalisant 850 ha. Aujourd'hui, il n'en reste que 19, d'une superficie de 600 ha. L'empiétement par des constructions, pour la plupart illégales, en est une des causes.
Les lacs de Hanoi, charme naturel de la capitale, sont menacés de disparaître, en raison des constructions illégales et de la grave pollution liées à une forte croissance démographique.
Il ne reste actuellement qu'une vingtaine de lacs dans la capitale, contre une quarantaine il y a dix ans. Leur surface se réduit à un rythme rapide, du fait des milliers de maisons construites illégalement, en gagnant sur l'eau.
La superficie totale des plans d'eau est passée d'environ 850 hectares il y a dix ans, à moins de 600 hectares aujourd'hui, ce qui aggrave les risques d'inondations, lors des saisons des pluies à Hanoi où les lacs servent de réservoirs.
Le lac de l'Ouest, reçoit quotidiennement 4.000 m3 d'eaux usées, rejetées par des dizaines d'usines et d'hôpitaux. Sans compter des milliers de tonnes de déchets déversés par les restaurants, hôtels et familles. Les statistiques du Service de la science et de la technologie de la capitale, montrent que la teneur en ammoniaque et en phosphate, dépasse de deux à trois fois la norme autorisée, entraînant la mort de poissons et polluant gravement l'environnement. Par exemple, dans le lac de l'Ouest, la teneur en ammoniaque est de 1,5 mg par litre, soit trois fois plus que les normes permises. Ce chiffre atteint 1,5 mg par litre dans le lac de l'Épée restituée, soit le double des normes standards. La teneur en ammoniaque dépasse de plusieurs fois le seuil autorisé dans d'autres lacs, comme Thanh Nhàn, Ngoc Khanh.
Les rivières chargées d'évacuer les eaux usées de Hanoi tels Lu, Set, Tô Lich, Kim Nguu souffrent également de la pollution. Ils sont désormais envahis de déchets et d'eaux usées rejetées jour et nuit par les riverains. La teneur en ammoniaque dans ces canaux est de 15 à 20 fois plus importante, que celle dans le lac de l'Ouest et de l'Épée restituée.
Des constructions illégales
Le boom immobilier qui a suivi la libéralisation économique entamée au début des années 1990, a poussé les Hanoiens à agrandir leurs parcelles, situées au bord des lacs, afin de gagner sur l'eau de précieux mètres carrés. Plus de 150 hectares ont été ainsi comblés au cours des dernières années, afin de faire place aux constructions illégales, selon une estimation officielle. Vingt-et-un lacs ont disparu, tels Ngoc Hà, Van Phuc, Hào Nam. Les canaux sont également victimes d'empiétements. Leur largeur n'est actuellement que de 7 m à 8 m contre une moyenne de 10 m à 11 m auparavant.
Face à cet état de chose, Hanoi a entrepris des projets de nettoyage et de protection des lacs. Des estacades ont été construites dans le lac de Truc Bach et les rivières Lu, Set, Tô Lich, Kim Nguu. Le Service des transports et des travaux publics de Hanoi vient d'entamer la restauration des lacs Thiên Quang, Giang Vo, Thanh Nhàn. L'investissement est de 23 milliards de dôngs soit 1,27 million d'euros.
Par Huong Giang - Le Courrier du Vietnam - 22 Avril 2004
|