L'anniversaire de la chute des Khmers rouges entaché de violence
PHNOM PENH - La célébration de la chute des Khmers rouges a été marquée
par des violences dimanche à Phnom Penh, où une dizaine de personnes ont été blessées
après un affrontement entre étudiants pro et anti gouvernementaux, devant l'Assemblée
nationale, selon des témoins.
Le 7 janvier, officiellement célébré comme la victoire des résistants soutenus par l'armée vietnamienne sur les
Kmers, il y a 22 ans, marque égalmeent le début d'une décennie d'occupation militaire par le Vietnam, ennemi
traditionnel du Cambodge.
Les chefs de la résistance ont ensuite accédé au pouvoir, et certains d'entre eux, dont le Premier ministre Hun
Sen, ont formé le Parti du peuple cambodgien et occupent encore des postes de premier plan au sein du
gouvernement.
Dimanche matin, plus de 30 étudiants pro-gouvernementaux ont fondu sur une dizaine d'opposants au
gouvernement, membre d'un petit groupe militant, le Front démocratique des étudiants et intellectuels khmers.
Ces derniers ont été frappés au visage et ont reçu des coups de pied alors qu'ils étaient à terre.
Une responsable du mouvement, Sun Sokunmealea, a précisé que les blessures subies par ses quatre camarades
étaient ''graves'', jugeant cependant qu'ils se rétabliraient totalement. Aucun des partisans du gouvernement ne
semble avoir été blessé.
Des policiers en uniforme, qui se tenaient là, ont observé les affrontements, ont précisé des témoins, dont des
photographes de presse.
Dans le même temps, les dirigeants du Parti du peuple cambodgien se sont rassemblés au siège de leur formation,
sous les acclamations de dizaines de milliers de personnes venues célébrer cet anniversaire.
Le président du parti, Chea Sim, a déclaré dans un discours que le régime atroce des Khmers rouges ne devait
pas être oublié, en remerciant les Vietnamiens pour avoir aidé les ''vrais'' patriotes cambodgiens à se soulever
contre Pol Pot.
''Le sang et les larmes du peuple ont inondé le pays, appelé à l'aide pour sortir de cet enfer (...). La victoire (du 7
janvier) a sauvé notre nation'', a-t-il souligné.
Chea Sim faisait lui-même partie des Khmers rouges, avant de s'enfuir au Vietnam, où il devint l'un des dirigeants
des combattants cambodgiens anti-Pol Pot en 1979.
L'ancien Premier ministre Pen Sovann, promu chef du parti communiste, Premier ministre et commandant en chef,
avant d'être écarté par les Vietnamiens, a également salué l'aide apportée par Hanoï, tout en regrettant
l'occupation qui suivit.
''Nous devons être reconnaissants (...) mais nous devons nous opposer à ce qui s'est passé ensuite, parce que
cela a privé notre peuple de son territoire, de sa souveraineté et de sa liberté'', a-t-il estimé.
La semaine dernière, le gouvernement a pris sa plus ferme mesure à ce jour en la matière, en proposant de mettre
en place un tribunal, composé de juges cambodgiens et internationaux, pour juger les chefs du régime meurtrier
des Khmers rouges qui étaient à la tête du pays dans les années 1970. L'Assemblée nationale du Cambodge a
adopté mardi le projet de loi, qui sera ensuite soumis au Sénat, au Conseil constitutionnel et à l'ONU.
Par Chris Decherd - Associated Press, le 7 Janvier 2001.
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