Malgré les critiques, le Vietnam juge trois nouveaux dissidents mercredi
HANOI - Violemment critiqué ces derniers mois pour sa politique en matière de droits de l'homme, le Vietnam juge mercredi trois
nouveaux dissidents, tous membres de la famille d'un prêtre catholique qui purge une peine de dix ans de prison.
Deux neveux et une nièce du père Tadeus Nguyen Van Ly comparaîtront le 10 septembre à Ho Chi Minh-Ville (sud). La justice leur
reproche des contacts avec des opposants aux Etats-Unis pour leur fournir des informations sur leur oncle. Nguyen Thi Hoa, nièce
du prêtre, et ses deux frères, Nguyen Vu Viet et Nguyen Truc Cuong, sont accusés notamment d'avoir "profité des libertés
démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l'Etat".
Le prêtre, âgé de 57 ans, avait été interpellé en mars 2001 peu après son témoignage par écrit contre le régime de Hanoi, devant la
Commission américaine pour la liberté religieuse. Il avait d'abord écopé de 15 ans de prison en octobre 2001 avant de voir sa peine
réduite à dix ans le 16 juillet dernier. Ses neveux risquent de 2 à 7 ans de détention, après l'abandon des poursuites pour
"espionnage", crime puni au minimum de 12 ans de prison.
Ce nouveau procès intervient après une série de signaux contradictoires envoyés par le régime de Hanoi, soucieux d'améliorer son
image tout en gardant ses opposants sous silence. Outre la réduction de peine de Ly, les autorités ont libéré le 27 juin -deux mois
avant la date prévue- le plus célèbre dissident bouddhiste du pays, Thich Quang Do, qui purgeait une peine de deux ans de
résidence surveillée. Le 26 août, elles avaient aussi diminué de 13 à 5 ans la peine du "cyber-dissident" Pham Hong Son.
"Le Vietnam essaye de trouver l'équilibre entre ses besoins politiques internes et sa volonté de montrer que les choses
s'améliorent", estime un diplomate occidental. "C'est toujours inacceptable", ajoute-t-il. Le fait que la justice ait atténué les charges
contre les neveux de Ly montre que "la pression est efficace", juge un de ses collègues.
Selon lui, les autorités "sauveront la face en les condamnant à de courtes peines. Elles pourraient même peut-être les libérer plus
tard pour des raisons +humanitaires+ ou +bonne conduite+". Les enjeux sont importants pour Hanoi, confronté à une pression de
plus en plus forte.
Aux Etats-Unis, le Congrès attend l'éventuelle approbation du Sénat pour adopter un texte limitant l'aide non-humanitaire au
Vietnam en fonction de ses résultats en matière de droits de l'homme. L'ambassade des Etats-Unis a indiqué dimanche à l'AFP
avoir demandé un accès au procès.
A Strasbourg, le Parlement européen a multiplié les questions relatives à la situation au Vietnam. Son "Rapport annuel sur les
droits de l'homme dans le monde en 2002" vient de réclamer au gouvernement "des mesures concrètes pour garantir la liberté
religieuse et le respect des droits fondamentaux".
Agence France Presse - 8 Septembre 2003
|