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Le boom des jeux d'argent, un fléau au Vietnam

HANOI - Les jeux d'argent sont devenus un fléau social au Vietnam où des millions de gens s'y adonnent jour et nuit en dépit de la répression menée par les autorités.

Pendant le seul mois précédant la fête du Têt, le nouvel An lunaire vietnamien célébré à la mi-février dernier, 565 affaires de jeux d'argent ont été découvertes et 2.361 personnes interpellées par la police, selon des statistiques du ministère de la Police.

"Le nombre des joueurs est de plus en plus important et les jeux d'argent se développent partout au Vietnam, dans les grandes villes et aussi dans les campagnes", estime Nguyen Thanh Truong, policier d'un commissariat d'un grand quartier de Hanoï.
"Il n'existe pas de ville ou de province vietnamienne où l'on ne joue pas", ajoute M. Truong.

Les jeux de hasard préférés des Vietnamiens sont les cartes et le "sô dê", un jeu où il s'agit de découvrir une combinaison de chiffres en se basant sur le tirage quotidien de la loterie nationale.
Ces jeux prennent de l'ampleur à l'occasion des grandes fêtes, des mariages et des funérailles.

Les jeux d'argent sont aujourd'hui si populaires qu'ils deviennent le "métier" de milliers de joueurs "professionnels" et qu'ils touchent toutes les couches sociales, du directeur d'une compagnie étatique au paysan pauvre.
Les jeux d'argent sont officiellement interdits dans le pays, mais les joueurs ont mille manières d'échapper au contrôle de la police en se réunissant clandestinement à leur domicile, dans des cafés ou même dans les jardins publics.

Le versement des gains prend des formes variées. Pour les citadins, il peut se faire en espèces, en dollars ou en or, et même en immeubles et biens de valeur (voitures, motocyclettes). Mais les joueurs des campagnes peuvent se contenter de quelque kilos de riz ou d'animaux d'élevage.
"On joue ouvertement ici pendant notre temps libre même si nous ne sommes que deux. Je voulais tenter ma chance et j'ai déjà perdu deux mobylettes japonaises (dont le prix avoisine 2.500 dollars)", raconte Nguyen Thi Toan, vendeuse d'alcool du marché de Hang Da dans le centre de Hanoï.

Les autorités s'alarment de voir jouer de nombreux fonctionnaires, des femmes et des adolescents et s'inquiètent de ce que les jeux constituent une source potentielle de délinquance.
La presse vietnamienne rapporte quasi-quotidiennement des arrestations, des saisies de matériels et des délits liés aux jeux de hasard. Trois joueurs ont été emprisonnés après en avoir tué trois autres lors d'une dispute après un jeu d'argent durant la fête du Têt.

"Ils (les jeux d'argent) sont à l'origine d'innombrables meurtres, de viols et vols à main armée, de suicides et de divorces, ruinant des centaines de milliers de foyers", explique Nguyen Luong Vinh, un enquêteur de la police de Hanoï.
Ce responsable cite le cas d'un homme d'affaires saïgonnais qui a perdu sa maison d'une valeur de 53.000 dollars en une seule nuit de jeu alors que le revenu moyen par habitant ne dépasse pas 300 dollars par an au Vietnam.

La loi vietnamienne ne prévoit que de faibles peines de prison à l'encontre des professionnels et des organisateurs de jeux d'argent sans sanctionner les joueurs occasionnels, souvent relâchés par la police après quelque heures de détention et le versement d'une amende.
"On vend même des maisons pour jouer et le pays n'a pas assez de prisons pour y enfermer les joueurs arrêtés". "Ils ébranlent les familles et troublent fortement l'ordre social", conclut M. Vinh.

AFP, le 14 mars 1999.