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Vingt-cinq ans après la fin de la guerre, le Vietnam ne convainc pas les investisseurs

HANOI - Le 25e anniversaire de la chute de Saigon célébré dimanche dans les rues de Hô Chi Minh-Ville a quelque chose d'inévitablement suranné. Alors que vient d'être connue la mort, survenue samedi, de l'ancien Premier ministre et compagnon de Hô Chi Minh, Pham Van Dong, les drapeaux rouges, leurs faucilles et leurs marteaux semblent en ce dimanche monter la garde du ciel.

Près des quais de la rivière Saigon, on construit une immense tour Pepsi, qui répond aux deux non moins immenses canettes Coca-Cola érigées aux abords de l'Opera d'Hanoi. La foule vietnamienne, indifférente dans son immense majorité (plus de la moitié est née après 1975), a appris à circuler entre ces encombrants symboles, à pied ou en scooter, au gré des directives de son régime fossilisé. En 1986, celui-ci lançait le doi moi, cette « voie nouvelle » qui démarrait la libéralisation économique du pays. Elle devait permettre au pays de faire partie de ces petits dragons qui, aux côtés de Singapour ou de la Corée, défiaient l'Occident. De 1991 à 1997, le Vietnam a eu des taux de croissance qui flirtaient avec les 10 % annuels, jusqu'au brutal arrêt dû à la crise monétaire de 1997. Un climat propice aux chimères. Un journaliste, présent à l'époque du boom, se souvient de la fièvre des investisseurs. « Ils croyaient qu'ils allaient faire fortune, ricane-t-il en claquant des doigts, dans un pays qui n'a presque pas de routes ! »

Aujourd'hui, les investisseurs ont déchanté. Echaudés par une administration tatillonne et des bénéfices reportés sine die, ils rechignent à remettre leurs billes dans le système vietnamien, trop corrompu. « Toutes les équipes dirigeantes ont valsé en Asie après le krach, sauf le Vietnam et la Malaisie », remarque un investisseur. L'année dernière, l'envoi de fonds des Viet Kieu, ces Vietnamiens expatriés, vers leur pays, a excédé le montant des investissements étrangers. Dernier mauvais signal : l'annulation d'un accord commercial avec les Etats-Unis qui, en septembre, devait sceller la réconciliation avec l'Amérique et réinsérer le Vietnam. De 8 milliards de dollars en 1996, l'investissement direct étranger est passé à pratiquement zéro en 1999.

Par Régis Arnaud - La Tribune, le 3 mai 2000.