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Hà Thê Dung, enseignant et chorégraphe de passion

Hà Thê Dung a commencé la danse classique à 14 ans. À 33 ans, enseignant, chorégraphe, il s'est vu remettre le diplôme d'État français de danse contemporaine. Selon lui, en mars 2004, un centre de danse contemporaine devrait voir le jour à Hanoi.

Pourriez-vous nous parler du parcours qui vous a conduit à la danse classique puis, plus tard, à la danse contemporaine ?

J'ai choisi la danse un peu par hasard, dans l'adolescence. Pendant des vacances d'été, à l'âge de 14 ans, lors d'une sortie avec mes amis, j'ai lu une annonce concernant la sélection de danseurs pour l'école supérieure de la culture et des arts de l'armée. Immédiatement, j'ai décidé de m'y inscrire. Après 11 années d'études au Vietnam, j'ai pratiqué la danse classique avec des danseurs de l'ex-URSS. La danse contemporaine, j'en ai entendu parler la première fois dans les années 90. Pendant le festival "Huê 2.000", j'ai eu la chance de recevoir des enseignements de la chorégraphe française Régine Chopinot, directrice artistique de la troupe de Ballet Atlantique. Depuis, je suis vraiment fasciné par ce type de danse qui a fait son apparition en Occident. Pourquoi ne peut-on pas, nous Vietnamiens, profiter de la danse contemporaine alors que la mondialisation gagne un peu plus chaque jour ? Une question qui m'a longtemps tourmenté ! Mais, en 2002, la chance m'a souri : grâce à une bourse d'études, j'ai pu suivre des cours de danse contemporaine au Centre national de danse (CND) à Paris pendant 5 mois (de novembre 2002 à avril 2003).

Pourriez-vous nous préciser les conditions d'obtention des bourses pour suivre des cours de danse au CND. Et parlez-nous aussi des examens rigoureux que vous avez dû passer pour obtenir le diplôme d'État de danse contemporaine de France ?

Selon un projet de coopération signé entre le ministère de la Culture et de l'Information du Vietnam et son homologue de France, le danseur qui dispose des conditions requises comme la durée de sa pratique personnelle, le nombre d'heures d'enseignement, sa capacité à s'investir sur le long terme dans son travail de chorégraphe, etc sera sélectionné. Et j'ai été choisi ! Après 5 mois d'études au CND, j'ai dû passer des examens théoriques et pratiques. En ce qui concerne la théorie, j'ai passé des entretiens avec un jury, sur des domaines très divers : histoire, philosophie, musique, psychologie, beaux-arts... Quant à l'épreuve pratique, outre la création d'une pièce de 20 minutes, j'ai dû tirer au sort deux sujets de cours à enseigner à deux classes composées d'élèves nuls en danse. Il a fallu que je prépare immédiatement les fiches didactiques dans ma tête et que je commence sans plus tarder mon enseignement ! À l'issue de cet examen pratique, le jury m'a posé des questions sur le contenu et le choix de mon cours. En outre, j'ai dû faire des remarques sur les connaissances acquises par mes élèves.

Vous avez eu de nombreuses occasions de travailler avec des danseurs et chorégraphes étrangers. Alors, que pensez-vous des capacités des danseurs vietnamiens par rapport à celles de leurs collègues étrangers, surtout dans le domaine de la danse contemporaine ?

La danse contemporaine au Vietnam est un phénomène jeune qui date seulement des années 1990. Les danseurs vietnamiens sont encore peu nombreux à suivre cette voie. Malgré tout, je pense qu'ils ont tout à fait les capacités et un vrai talent pour devenir des artistes de qualité.

Vous avez l'honneur d'être le deuxième Vietnamien à obtenir le diplôme d'État français de danse contemporaine. Quelle a été votre impression quand vous avez appris la nouvelle ?

Cette nouvelle m'a frappé comme un coup de foudre ! C'est la récompense de nombreuses années de travail rigoureux et de sueurs versées ! J'ai voulu partager mon bonheur avec ma mère qui m'a donné confiance et de l'énergie, et aussi avec mes professeurs et mes collègues qui m'ont beaucoup aidé dans cette discipline exigeante qu'est la danse. Je pense que, dans n'importe quel métier, la seule passion n'est jamais toujours pleinement suffisante. Il faut aussi une réelle capacité à fournir un travail assidu, avec patience. Des ingrédients qui mènent droit aux succès !

Pourriez-vous nous révéler vos projets d'avenir ?

J'ai beaucoup de projets. Et tous concernent l'essor de la danse au Vietnam, y compris celui de la danse contemporaine qui est encore marginale ici. Comment faire pour attirer le public aux spectacles de danse ? Cette question m'obsède et me guide dans mes choix. La création de pièces est certainement ma première priorité. En plus, je veux transmettre mes expériences aux jeunes danseurs. Outre des pièces de danse classique, je n'ai créé que très peu de pièces de danse contemporaine : "Le Vivant" (présenté lord de la cérémonie d'inauguration de l'Espace, à Hanoi), "Vietnam en moi" (à l'examen de fin d'études en France), "Un petit moment"... Je veux vraiment en créer d'autres ! Le festival "Huê 2004" sera pour moi une réelle aubaine, car avec mes collègues français, je participerai à la création de quelques chorégraphies. En plus, je compte écrire des livres et des manuels d'apprentissage de la danse. Avec mes collègues vietnamiens, nous ouvrirons un Centre de danse contemporaine. Son rôle : création et représentation de pièces de danse, et enseignement de cet art à ceux qui le désirent.

Par Thu Trang - Le Courrier du Vietnam - 17 Décembre 2003.