~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

[Année 1997]
[Année 1998]
[Année 1999]
[Année 2000]
[Année 2001]
[Année 2002]

Un hôpital au Vietnam pour concilier aide au développement et profits

Des médecins français ouvrent en janvier un hôpital à Ho Chi Minh Ville, au Vietnam. Son originalité: ce projet de développement, qui permettra le transfert de technologies, la formation de médecins et de personnel soignant locaux, repose sur une structure financière commerciale. Evalué à 40 millions de dollars, le projet a été monté grâce à des prêts de 26 M USD de l'International Finance Corporation (IFC), branche privée de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement (BAD). La Banque d'investissement et de développement du Vietnam (BIDV) et la Proparco, filiale de la Banque française de développement, ont également participé.

Leurs prêts se sont ajoutés au capital des dix fondateurs (neuf médecins et un avocat français) d'un million de dollars et aux apports des 370 médecins français actionnaires, qui ont chacun apporté 25.000 dollars, soit 13 M USD. "Il a été très difficile de convaincre les banquiers au début", a avoué Jean-Marcel Guillon, pneumologue et l'un des fondateurs du Franco-Vietnamese Hospital, lors d'une conférence de presse jeudi à Paris. "Le projet n'était pas mûr, on n'avait pas de garanties, on n'était pas crédibles", a-t-il reconnu. Les médecins français, anciens internes des Hôpitaux de Paris et tous spécialistes, de l'urologue à l'urgentiste en passant par l'anesthésiste-réanimateur et le gastro-entérologue, ont pourtant fini par convaincre.

Car, loin de vouloir faire de la seule action humanitaire, les fondateurs du Franco-Vietnamese Hospital ont souhaité monter un projet "pérenne" et donc commercial, a expliqué Stéphane Romano, orthopédiste parisien. "Avec des soins pas chers pour tout le monde, il n'y aurait plus d'hôpital dans quelques années", a-t-il souligné. L'hôpital, destiné à la classe moyenne vietnamienne, est privé et la consultation, au prix de 10 dollars, coûte le double de celui du secteur public, où tous les soins sont de toutes façons payants.

Pour les personnes les plus démunies, les médecins français ont ainsi créé l'association FVH, pour récolter des fonds et dispenser des soins gratuits. L'établissement, construit uniquement par des entreprises locales, doit intégrer des médecins et du personnel soignant et gérant vietnamien, tous formés dans le cadre du projet. De plus, des accords ont été conclus avec les universités locales pour accueillir des internes.

Doté de matériel performant, d'équipements nouveaux permettant des traitements inédits dans le pays comme la radiothérapie, le Franco-Vietnamese Hospital doit revenir aux mains de l'Etat vietnamien dans cinquante ans. L'ouverture au public vietnamien est prévue le 20 janvier 2003. Entre-temps, le transfert de savoir et de technologie aura été réalisé, les autres hôpitaux de la ville se seront améliorés grâce à la concurrence et sous l'impulsion des patients de la classe moyenne, espèrent les médecins français. "Nous, on est complètement convaincu par sa pérennité. Dans quinze ans, cet hôpital sera une banalité", a affirmé Guy Helena, responsable de l'IFC.

Selon lui, l'hôpital "a un potentiel considérable, une très bonne structure médicale et une très bonne structure financière", avec une période de grâce de quatre à six ans au cours de laquelle seuls les intérêts des emprunts seront remboursés.

Par Géraldine Amiel - Agence France Presse - 7 Novembre 2002.