Un hôpital au Vietnam pour concilier aide au développement et profits
Des médecins français ouvrent en janvier un hôpital
à Ho Chi Minh Ville, au Vietnam. Son originalité: ce
projet de développement, qui permettra le transfert
de technologies, la formation de médecins et de
personnel soignant locaux, repose sur une structure
financière commerciale.
Evalué à 40 millions de dollars, le projet a été monté
grâce à des prêts de 26 M USD de l'International
Finance Corporation (IFC), branche privée de la
Banque mondiale et de la Banque asiatique de
développement (BAD).
La Banque d'investissement et de développement du
Vietnam (BIDV) et la Proparco, filiale de la Banque
française de développement, ont également participé.
Leurs prêts se sont ajoutés au capital des dix
fondateurs (neuf médecins et un avocat français)
d'un million de dollars et aux apports des 370
médecins français actionnaires, qui ont chacun
apporté 25.000 dollars, soit 13 M USD.
"Il a été très difficile de convaincre les banquiers au
début", a avoué Jean-Marcel Guillon, pneumologue et
l'un des fondateurs du Franco-Vietnamese Hospital,
lors d'une conférence de presse jeudi à Paris. "Le
projet n'était pas mûr, on n'avait pas de garanties, on
n'était pas crédibles", a-t-il reconnu.
Les médecins français, anciens internes des Hôpitaux
de Paris et tous spécialistes, de l'urologue à
l'urgentiste en passant par l'anesthésiste-réanimateur
et le gastro-entérologue, ont pourtant fini par
convaincre.
Car, loin de vouloir faire de la seule action
humanitaire, les fondateurs du Franco-Vietnamese
Hospital ont souhaité monter un projet "pérenne" et
donc commercial, a expliqué Stéphane Romano,
orthopédiste parisien. "Avec des soins pas chers pour
tout le monde, il n'y aurait plus d'hôpital dans
quelques années", a-t-il souligné.
L'hôpital, destiné à la classe moyenne vietnamienne,
est privé et la consultation, au prix de 10 dollars,
coûte le double de celui du secteur public, où tous les
soins sont de toutes façons payants.
Pour les personnes les plus démunies, les médecins
français ont ainsi créé l'association FVH, pour récolter
des fonds et dispenser des soins gratuits.
L'établissement, construit uniquement par des
entreprises locales, doit intégrer des médecins et du
personnel soignant et gérant vietnamien, tous formés
dans le cadre du projet. De plus, des accords ont été
conclus avec les universités locales pour accueillir
des internes.
Doté de matériel performant, d'équipements
nouveaux permettant des traitements inédits dans le
pays comme la radiothérapie, le Franco-Vietnamese
Hospital doit revenir aux mains de l'Etat vietnamien
dans cinquante ans.
L'ouverture au public vietnamien est prévue le 20
janvier 2003.
Entre-temps, le transfert de savoir et de technologie
aura été réalisé, les autres hôpitaux de la ville se
seront améliorés grâce à la concurrence et sous
l'impulsion des patients de la classe moyenne,
espèrent les médecins français.
"Nous, on est complètement convaincu par sa
pérennité. Dans quinze ans, cet hôpital sera une
banalité", a affirmé Guy Helena, responsable de l'IFC.
Selon lui, l'hôpital "a un potentiel considérable, une
très bonne structure médicale et une très bonne
structure financière", avec une période de grâce de
quatre à six ans au cours de laquelle seuls les
intérêts des emprunts seront remboursés.
Par Géraldine Amiel - Agence France Presse - 7 Novembre 2002.
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