L'hôpital français de Hanoï en première ligne
Le cardiologue français hospitalisé en urgence à l'hôpital Gustave-Dron de Tourcoing depuis son retour de mission à l'hôpital français de Hanoï, au Vietnam, est toujours en réanimation dans un état «jugé grave mais stationnaire» (notre encadré). Toutes les personnes les plus proches de lui dans l'avion de retour de Hanoï (vol AF 171 arrivé à Paris dimanche 23 mars à 6 h 05) sont en quarantaine chez elles pour une période d'une dizaine de jours, sous surveillance médicale. Même chose pour le personnel navigant et le personnel médical de l'aéroport qui a accueilli les passagers dimanche matin. Même chose enfin pour les deux chauffeurs de taxi, celui de Hanoï et celui de Roissy, qui ont véhiculé ce patient.
Pourquoi ce médecin n'a-t-il pas été rapatrié par convoi sanitaire au lieu d'emprunter un avion de ligne au risque, certes encore hypothétique, de contaminer d'autres personnes ? «Nul ne savait qu'il était infecté à son départ ou, du moins, il n'a fait part à personne d'éventuels symptômes de pneumopathie», rapporte le directeur général de la Santé, le Pr Lucien Abenhaïm, ajoutant : «L'équipe sur place là-bas a été abasourdie d'apprendre qu'il était malade.»
A son arrivée, ce cardiologue a été examiné par l'équipe médicale de l'aéroport qui attendait deux autres médecins revenant de ce même hôpital français privé de Hanoï qui pratique le «time sharing» (1). Le personnel soignant de Roissy a confirmé que le médecin lillois ne semblait pas malade à son arrivée, c'est tout ce que l'on peut dire à l'heure actuelle. Selon un communiqué de l'ambassade de France à Hanoï, la DGS, le ministère des Affaires étrangères et différentes compagnies d'assurances travaillent à la mise en place d'un vol spécial pour rapatrier trois autres médecins français toujours hospitalisés là-bas, ainsi que l'ensemble de l'équipe médicale (onze personnes venues en renfort).
Par ailleurs, les autorités sanitaires vietnamiennes étaient indécises hier sur la sortie des vingt patients de l'hôpital français de Hanoï considérés «guéris». Pourtant, mardi, l'ambassade de France avait indiqué que cinq patients de l'établissement devaient rentrer chez eux immédiatement «après douze jours consécutifs sans fièvre». Mais, mardi soir, le gouvernement n'a pas autorisé ces malades à sortir.
Trente-cinq personnes étaient donc toujours hospitalisées à l'hôpital français : vingt considérées comme guéries, six autres dont les symptômes régressent, huit patients en observation et un patient sous respirateur qui montre des signes encourageants de récupération.
Compte tenu de l'évolution de l'épidémie, et bien que l'OMS ne préconise pas de restreindre pour l'instant les voyages dans les zones concernées, le ministère des Affaires étrangères recommande de différer temporairement et dans la mesure du possible les déplacements dans les régions de Hongkong et Hanoï.
(1) Des médecins exercent pendant des périodes de trois semaines dans cet hôpital privé.
Par Catherine Petitnicolas - Le Figaro - 27 Mars 2003.
Pneumonie atypique : le Vietnam a maîtrisé l'épidémie, selon l'OMS
Les premières bonnes nouvelles ont été annoncées hier à Hanoi. Le virus de la pneumonie atypique n'a pu trouver, du moins jusqu'à
maintenant, d'autres refuges au Vietnam.
"Aucun cas de contamination du virus SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) n'est à déplorer au Vietnam", a déclaré Pascale
Brudon, représentante de l'OMS, lors d'un point de presse hier à Hanoi. "La quarantaine a été appliquée à l'hôpital franco-vietnamien
et à celui de Bach Mai, où sont soignés les patients frappés de pneumonie atypique", a expliqué Trinh Quân Huân, chef du
Département de la santé préventive, dépendant du ministère de la Santé. Ce dernier dirige également la sous-commission de
surveillance de l'épidémie, relevant du Comité national de pilotage de prévention et de lutte contre le SRAS.
Selon Draileen Plant, coordinatrice de la mission anti-SRAS de l'OMS au Vietnam, jusqu'à maintenant, 487 cas ont été recensés
dans 12 pays, dont 17 morts. Le Vietnam en compte 58, avec 4 morts. Ces derniers sont tous des personnels de la santé. Ils ont
soigné le premier patient découvert dans le pays. Cependant, "l'Organisation mondiale de la Santé n'a pas tiré la sonnette d'alarme,
concernant les déplacements dans les pays touchés par l'épidémie", selon Pascale Brudon. "L'OMS ne donne que des
renseignements afin que les touristes détectent rapidement les symptômes cliniques, comme forte fièvre, toux sèche, douleur au
thorax..."
Des résultats positifs
Le premier patient frappé par le virus, un Américain d'origine chinoise venant de Hongkong, a été découvert, il y a un mois à l'hôpital
franco-vietnamien à Hanoi. À la date du 15 mars, l'épidémie évoluait avec deux morts, une infirmière vietnamienne et un médecin
français. Des dizaines de personnes ont été hospitalisées, souffrant des syndromes cliniques de la pneumonie atypique. Prenant
conscience du danger de cette épidémie, la branche sanitaire a fondé un Comité national de pilotage de prévention et de lutte contre
le SRAS. L'OMS, les spécialistes français et japonais ont conjugué leurs efforts avec le Vietnam dans le but d'aider à contenir
l'épidémie et à traiter les malades. Les hôpitaux concernés ont été renforcés au point de vue du personnel et des équipements. Les
foyers touchés ont été mis en quarantaine et placés sous un strict contrôle. En partenariat avec le ministère de la Santé, les
branches des affaires étrangères, des transports et des douanes, notamment dans des aéroports, sont entrées en jeu, afin
d'empêcher l'explosion de cette maladie et minimiser les impacts apportés par ce virus mortel.
Les efforts ont été récompensés. Depuis le 20 mars, aucune personne n'a été hospitalisée. Le schéma de traitement élaboré par les
médecins vietnamiens demeure efficace et donne des résultats satisfaisants. Àl'heure actuelle, parmi les 48 patients traités dans
les hôpitaux franco-vietnamien et Bach Mai, seul un est encore en danger. Vingt patients sont totalement guéris, dont sept ont
retrouvé leur famille le 26 mars et quatre devraient goûter la joie des retrouvailles, le 27 mars.
Le gouvernement vietnamien a décidé de débloquer 71 milliards de dôngs, en faveur du programme de prévention et de lutte contre
le SRAS, selon Trinh Quân Huân. Pour leur part, l'OMS, la France et le Japon se sont également engagés à continuer d'apporter
leurs aides au Vietnam, dans le but de stopper l'épidémie.
Par Thu Hà Nguyên - Le Courrier du Vietnam - 27 Mars 2003
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