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Hausse des salaires : un peu d'espoir mais encore des soucis

30 % d'augmentation. Depuis octobre 2004, il s'agit de la hausse de salaire concédée aux salariés, décision approuvée et signée par le Premier ministre. Une nouvelle qui apporte à la fois joie et soucis.

En signant six arrêtés concernant la réforme salariale et l'assistance sociale en faveur des salariés, qui entre autre entraînent une réévaluation salariale moyenne de 30 %, le Premier ministre vient de donner un sacré coup de pouce financier aux cadres et employés de l'État, aux forces armées et aux retraités. Par ailleurs, si le salaire minimum est toujours fixé à 290.000 dôngs, il sera plus tard ajusté à la croissance économique du pays. Petit bémol, si la grille salariale voit une suppression de certains niveaux, les écarts eux sont prolongés.

De telles mesures répondent aux orientations prises par le gouvernement. Ainsi, cette réforme prend une valeur symbolique en montrant la volonté du pouvoir d'encourager la rentabilité du travail. Par exemple, si auparavant il fallait attendre 3 ans pour voir sa rémunération bénéficier d'une hausse, aujourd'hui, ceux qui auront obtenu de bons résultats dans leur travail seront plus rapidement récompensés. Quand aux salaires des membres des Conseil d'administration, des directeurs généraux, des directeurs d'entreprises étatiques, ils seront liés aux résultats économiques de leur entreprise.

D'autre part, les retraités et les bénéficiaires de politiques d'assistance sociale sont également gratifiés de 10 % d'augmentation sur leur salaire actuel. Enfin, pour ceux travaillant dans des régions montagneuses, insulaires ou écartées et dans des professions peu attrayantes, ils bénéficieront d'une subvention supplémentaire représentant de 20 à 70%, voire 100 % de leur revenu selon la distance géographique et la nature du travail. C'est une manière d'encourager ces personnes qui souvent travaillent dans des conditions difficiles. Pour mener de telles réformes, le gouvernement prévoit de débourser 20.000 milliards de dôngs qui seront issus d'un décaissement spécial pris sur le budget d'état.

Sentiments contradictoires sur cette réforme

Cette modification a été accueillie par les salariés avec un mélange de joie et de déception. Heureux car leur gain s'en trouve amélioré mais tristes, parce que cette augmentation demeure cependant moins rapide que celle des prix. En effet, d'après les récentes statistiques des services de gestion du marché, le prix des marchandises a encore connu une inflation depuis septembre. Rien que pour le mois d'octobre, les marchandises ont enregistré une hausse de plus de 30% de leur valeur. Riz, sucre, aliments, légumes, vêtements... autant de prix qui galopent à l'allure du lièvre alors que celle des salaires s'apparente plus à la tortue. Et il en va de même pour des produits domestiques comme l'essence, le gaz, l'électricité. Alors, malgré leur enrichissement, le niveau de vie des salariés ne s'améliore guère. "L'augmentation du salaire est une bonne politique mais si l'État ne cherche pas à stabiliser le cours des prix, cette réforme ne signifiera rien", déclare Mme Hung, ouvrière de l'usine de machines de Hai Duong.

Une simple observation du mode de vie des fonctionnaires suffit pour comprendre leur situation. Tous sont salariés mais personne ne peut se satisfaire de ses revenus. En réalité, la rétribution mensuelle ne couvre pas encore leurs besoins de base. Selon les statistiques, elle ne satisfait que 70 % de ces besoins. "Mon mari et moi, nous sommes salariés. Nous gagnons au total 2,4 millions de dôngs par mois. Mais les dépenses mensuelles pour ma famille de quatre personnes dépassent souvent cette somme. Alors nous avons recours à d'autres activités pour satisfaire nos besoins et économiser un peu", explique une fonctionnaire. La réforme salariale est indispensable et pressante. Mais si elle permet d'offrir une solution immédiate, nul ne pourra s'en contenter sur le long terme. Pour enfin donner aux salariés étatiques de bonnes conditions de vie, il faut entreprendre une vraie révolution tant dans le travail que dans son paiement. Ainsi, selon un expert financier, la réforme salariale doit aller de pair avec la réduction du personnel administratif. L'État devra s'engager dans une réforme radicale pour que les fonctionnaires puissent vivre grâce à leur salaire et ainsi continuer à bien servir le pays.

Par Thu Hà - Le courrier du Vietnam - 22 Décembre 2004