Le sommet de la francophonie revêt un caractère
providentiel pour le Vietnam qui accueille pour la première fois une
manifestation internationale et qui fait de la réussite de cette rencontre
une question de prestige national.
Ce sommet consacrera la réintégration du Vietnam sur la scène internationale
après des années d'isolement. Hanoï a mis en sourdine la rhétorique
marxiste-léniniste pour déployer une diplomatie tous azimuts et courtiser
les détenteurs de dollars, d'où qu'ils viennent. Il a renoué avec les
Etats-Unis, intégré l'Asean et veut montrer au monde qu'il est digne de
tenir son rang.
"Ce sommet contribuera à réhausser (notre) prestige international et
marquera un nouveau pas dans les activités du Vietnam sur la scène
internationale", déclarait récemment Nguyen Khanh, ancien vice-Premier
ministre chargé du comité d'organisation.
L'appartenance du Vietnam au mouvement francophone, même si le français y
est si peu répandu, est un facteur supplémentaire d'intégration pour Hanoï.
"La francophonie est utilisée par le Vietnam comme un instrument de son
ouverture", dit un ambassadeur francophone. Hanoï n'a donc pas ménagé sa
peine pour organiser un beau sommet, dont les préparatifs ont été suivis au
jour le jour par la presse.
Pour la première fois dans l'histoire de la francophonie, cette
manifestation a été préparée par un comité de pilotage (franco-vietnamien)
qui a permis au fil des mois de résoudre d'épineux problèmes de logistique,
à la demande du Vietnam dont le manque de moyens financiers et d'expertise
constituaient un réel handicap.
Le sommet a été une bonne affaire pour le secteur du BTP et tous les grands
chantiers ont été livrés à temps. Un centre de conférences internationales
de 6.000 m2, largement financé par la France, a été édifié pour les réunions
politiques, le palais de l'Amitié, un souvenir de l'ex-URSS, a été rénové
pour accueillir 1.200 personnes lors de la séance inaugurale. L'Opéra de
Hanoï, où sont prévues une soirée de gala et la conférence de presse de
clôture, a été rénové pour 17 millions de dollars, sur le seul budget
vietnamien.
Une quarantaine d'hôtels ont été réquisitionnés pour accueillir quelque 2.
000 délégués et 600 journalistes. Le salon d'accueil des VIP à l'aéroport
Noi Bai a été rénové. Plus de 2.000 Vietnamiens (policiers, guides,
personnel hôtelier) ont été initiés au français de base et le ministère de
l'Intérieur a promis "une sécurité absolue pour les participants durant le
sommet".
Hanoï s'est fait une beauté pour accueillir dignement les chefs d'Etat et de
gouvernement des 49 pays francophones, pour un coût de 2 millions de
dollars. 33 rues du centre ont été embellies, 70.000 m2 de trottoirs repavés
dans le centre-ville et débarrassés des milliers de motos qui les
encombraient. Des panneaux de signalétique en vietnamien, français et
anglais sont apparus, des édifices coloniaux ont été repeints sur le
parcours officiel et le système d'éclairage amélioré.
Tous ces efforts serviront aussi pour le sommet de l'Asean que le Vietnam
accueillera l'an prochain. Grâce au sommet de la francophonie, financé à
plus de 70% par la France avec environ 12 millions de dollars, Hanoï dispose
maintenant des infrastructures nécessaires pour accueillir des
manifestations internationales.
Le Vietnam n'a jamais caché que ce sommet lui apporterait une expérience
précieuse pour la réussite de la grand'messe de l'Asean, ou d'autres
conférences ultérieures.