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La France investit au Vietnam, mais sans ses grands groupes

HANOI - La France occupe une place de choix dans les investissements étrangers au Vietnam, mais doit compter sans la plupart de ses grands groupes, restés prudents dans un pays qui fascine mais suscite aussi la méfiance. Le ministre délégué au commerce extérieur, François Loos, s'est rendu au Vietnam cette semaine avec une délégation d'une trentaine d'entreprises françaises, destinée à renforcer les liens économiques entre les deux pays.

"Le Vietnam est un pays prioritaire, proche de la France. La France est le premier investisseur européen au Vietnam hors Asie", s'est félicité le ministre, qui a par ailleurs signé des protocoles de prêts d'une valeur de 22 millions d'euros. En montant cumulé depuis 1988, la France occupait fin 2002 la sixième place des investissements étrangers au Vietnam avec 124 projets, pour un montant total supérieur à 2 mds de dollars. Soit plus de 5% du total. Mais cette présence se passe de la plupart des grands noms de l'industrie française.

Si France Telecom, EDF, le Groupe Bourbon (GB) et quelques autres font exception, "quand on prend la liste des entreprises du CAC 40, c'est vrai qu'il n'y en a pas beaucoup ici", note un banquier français. Décrit comme un eldorado à l'avenir brillant au début des années 90, puis comme un enfer où rien ne marchait, le Vietnam suscite toujours des sentiments extrêmes. Les espoirs s'étaient tournés vers ce pays de 80 millions d'habitants, fort d'une agriculture en pleine croissance, de quelques hydrocarbures et d'une main d'oeuvre bon marché.

En 1994, la levée de l'embargo américain avait encore dopé les enthousiasmes, en contribuant à propager l'idée que le Vietnam allait devenir un dragon asiatique, une nouvelle Corée du sud, un autre Taïwan. Mais beaucoup se sont cassé les dents. Et la France n'a pas fait exception. Cadre légal instable, infrastructures exsangues, pouvoir impénétrable: les échecs furent nombreux. Le plus retentissant d'entre eux, resté dans toutes les mémoires, fut le départ de Total après deux projets d'investissements abandonnés, l'un sur la première raffinerie du pays -toujours à l'état de projet-, le second sur une usine de bitûme qui ne verra jamais le jour. TotalFinaElf est depuis revenu pour distribuer du GPL. Mais son exemple a jadis fait office d'épouvantail. "Même si les raisons de ces échecs sont complexes, c'est un exemple qui fait mal. Quand Total a dit +j'arrête+, beaucoup ont réfléchi", ajoute le banquier.

En 1997, la crise asiatique a plombé l'économie vietnamienne. Dans le même temps, la Chine développait un pouvoir d'attraction colossal pour les grands groupes, alléchés par la taille du marché chinois et rassurés par son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), que le Vietnam, ambitieux, vise pour 2005. "L'investissement français a fait comme les autres. Il a été assez actif jusqu'en 1997 et a souffert ensuite d'une forte désaffection", remarque un analyste.

Aujourd'hui, plus de la moitié des investissements étrangers au Vietnam viennent de la région, à dominante chinoise (Chine, Taiwan, Singapour, Hong Kong) ou japonaise et coréenne. "Les très gros groupes français, on ne ne les voit plus. Ceux qui viennent sont plutôt asiatiques", confirme l'analyste. L'heure pourrait être à une vision plus mature du marché. Et à une présence plus ciblée et moins impatiente.

"C'est le moment de venir. La France est connue, la +French Touch+ a un certain succès, et il y a des secteurs où ceux qui sont là marchent bien", affirme le banquier.

Agence France Presse - 22 Novembre 2003.