L'incroyable histoire de Giao
Discrètement, ce livre fait son chemin. Est-ce le destin de son auteur ? L'énergie qui se dégage de ses pages ? La chaîne de fraternité qui a permis la diffusion ? Nguyen Huu Giao est né au Vietnam, en 1939. « A 20 ans, il était le parfait play-boy, le roi de la danse », écrit en prologue son épouse, France-Aimée Nguyen Huu Giao. Mais comment rester insouciant ? En 1966, bouddhiste et patriote, Giao s'engage. Emprisonné par les nationalistes, devenu avocat, il entre dans la lutte clandestine contre les communistes. Le 18 avril 1977, il lit sur le parvis de la cathédrale de Saigon la « Déclaration des Vietnamiens déshérités sur les droits de l'homme ».
Arrêté, il est placé en camp de rééducation pendant douze ans. Puis, ce seront d'autres camps, ceux des réfugiés à la frontière de la Thaïlande et du Cambodge. « Entré dans la pièce sordide que nous avions réussi à occuper pour nos entretiens avec les réfugiés, se souvient Bernard Kouchner, dans une préface à ce livre, Giao la transforma en tribunal, en lit de justice pour les pauvres et les fuyards. » Accueilli par la France en 1990, Nguyen Huu Giao y poursuivra son combat pour les droits de l'homme, jusqu'à sa mort, le 8 avril 1994. De magnifiques photos accompagnent l'ouvrage, où l'on retrouve le regard de cet homme. Un regard silencieux, qui porte loin.
« Le livre de Giao, au coeur du Vietnam », de Nguyen Huu Giao (La Table ronde, 220 pages, 16,80 euro).
Par Jérôme Cordelier - Le Point - 22 Juillet 2004.
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