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Le Vietnam cherche à corriger sa mauvaise image

Le président vietnamien Tran Duc Luong, qui commence aujourd'hui une visite d'Etat de quatre jours en France, ne va pas manquer d'essayer de corriger la mauvaise image qui colle à la peau de son pays.

«On s'y est engouffré trop rapidement et on a été tout aussi brutalement déçu.» Cette réflexion de Doan Viet Dai Tu, associé du cabinet Open Asia Consulting installé à Hô Chi Minh-Ville, résume parfaitement l'état d'esprit des hommes d'affaires français quand on leur parle du Vietnam.

Le président vietnamien Tran Duc Luong, qui commence aujourd'hui une visite d'Etat de quatre jours en France, ne va pas manquer d'essayer de corriger la mauvaise image qui colle à la peau de son pays. La croissance du Vietnam devrait avoisiner 6,7% cette année. La demande intérieure reste forte et tire la production industrielle (+ 9,4% au premier semestre). Surtout, le Parti communiste au pouvoir pousse le secteur privé à prendre la relève des entreprises publiques.

La politique d'ouverture et de «renouveau» du pays, le doi moi, a permis des restructurations industrielles et bancaires qui orientent le Vietnam vers une économie socialiste de marché proche de celle de la Chine. L'«actionnarisation» des groupes d'Etat, les privatisations, ont facilité les investissements étrangers. La multiplication des zones industrielles spéciales – le pays en compte 17 qui emploient 250 000 personnes au total – a également contribué à attirer du monde.

Malheureusement, le Vietnam, qui comme ses voisins a pris de plein fouet la crise de 1997-1998, continue de payer très cher sa trop forte dépendance vis-à-vis de l'Asie. Singapour, le Japon, Taïwan, la Corée du Sud, la Chine et la Thaïlande représentent à eux seuls 68,4% de ses importations. Le Japon, la Chine et Singapour sont également ses trois premiers clients, absorbant 33,2% des exportations vietnamiennes. Même chose en matière d'investissements directs. L'an dernier, Singapour, Taïwan, le Japon, la Corée du Sud et Hongkong cumulaient 22,5 milliards de dollars de licences accordées par le gouvernement sur un total de 37,9 milliards.

Résultat, les investissements étrangers, qui avaient atteint leur plus haut niveau en 1996, ont littéralement plongé jusqu'en 1999. Depuis, ils se redressent très légèrement, mais ils sont encore aujourd'hui à leur niveau de 1993. La France, qui peut s'enorgueillir d'être «le premier investisseur non asiatique», avec 2,1 milliards d'euros engagés au Vietnam, et qui espère vendre ses Airbus, reste un Petit Poucet. Certes, quelque 200 entreprises françaises travaillent sur place. Mais nombreuses sont celles qui hésitent à s'engager. Le poids de l'Etat, les méandres d'une administration tatillonne, la corruption, l'instabilité sociale grandissante du pays les font hésiter.

Officiellement, le chômage touche 20% de la population. En réalité, ce chiffre dépasse 40%. L'agriculture, qui fait vivre 70% des Vietnamiens, pèse de moins en moins lourd dans le produit intérieur brut du pays. Elle va supprimer des emplois, de même que la restructuration des entreprises publiques. Pour y faire face, le gouvernement souhaite lancer des grands travaux. Hô Chi Minh-Ville (7 millions de personnes) devrait ainsi se doter d'un système de transports publics comprenant un train, un métro, un tramway et un monorail. Coût du projet: 2,1 milliards de dollars. Les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon, la Chine et la France, sont intéressés. Nul doute que Tran Duc Luong fera miroiter ce programme tant auprès du président Jacques Chirac que du premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

Par Arnaud Rodier - Le Figaro - 28 Octobre 2002