~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

[Année 1997]
[Année 1998]
[Année 1999]
[Année 2000]
[Année 2001]

Les Vietnamiens commencent eux aussi à se serrer la ceinture

Les retombées au Vietnam de la tourmente monétaire et financière en Asie du sud-est poussent beaucoup de Vietnamiens à commencer à se serrer la ceinture, bien que ce pays ne soit pas dans l'oeil du cyclone.

Ainsi, après une décennie d'amélioration constante de leur niveau de vie --du moins dans les villes-- à laquelle tout le monde s'était rapidement habitué, les Vietnamiens ont abordé la nouvelle année avec anxiété, même s'ils ne se sont pas mis à vendre leurs lingots ou bijoux en or.

A l'approche du Têt, la grande fête de l'année qui donne traditionnellement lieu à une frénésie d'achats de vêtements, téléviseurs ou mets fins et boissons, la morosité est patente.

"Si on dépense beaucoup pour le Têt, on n'aura plus d'argent les mois suivants. Je vais dépenser deux fois moins pour l'arrivée de l'année du Tigre", explique une marchande de thé de Hanoï.

Sur le marché de Hang Da, un fonctionnaire confirme: "pour les dernières fêtes du Têt, j'avais acheté quelques bouteilles de whisky ou de cognac à consommer ou offrir, cette fois je ne vais faire que des achats vraiment nécessaires".

Dès son entrée en fonction, le nouveau chef du Parti communiste Lê Kha Phiêu a donné le ton en prévenant que l'année allait être dure et en appelant "chaque habitant à limiter les besoins non urgents, l'achat de produits de luxe, diminuer les réceptions".

"La crise économique et financière en Asie du sud-est a déjà et aura des répercussions sur l'économie de notre pays", a-t-il averti. Le spectre de la tourmente rôde autour du Vietnam, pays qui a été jusqu'ici protégé par l'absence de bourse et la non-convertibilité de sa monnaie.

Retombée directe de la crise régionale, des milliers de Vietnamiens ont été licenciés ces trois derniers mois dans l'ancienne Saïgon --premier destinataire des investissements étrangers-- essentiellement dans des filiales de groupes de Corée du sud, Hong Kong, Taiwan ou Thaïlande éprouvés par la tempête régionale.

Le dông n'a perdu que 15% de sa valeur depuis le printemps 97 face au billet vert mais "la hausse du dollar a rendu plus chers de nombreux produits importés", souligne un fonctionnaire.

Beaucoup de Vietnamiens se plaignent de la hausse des prix, encore accentuée par les taxes d'importation imposées sur les vélos, motos, cigarettes ou alcools pour protéger l'industrie locale. La consommation intérieure recule.

"Cela fait trois jours que je n'ai pas pu vendre un téléviseur", explique le propriétaire d'une boutique, "ce n'était pas comme ça ces dernières années et si ça continue je vais fermer".

La crise régionale est intervenue à un moment où les nuages commençaient à s'amonceler sur une économie vietnamienne fragile et a mis en relief la dépendance du Vietnam vis-à-vis de ses voisins.

L'investissement étranger, véritable poumon pour l'économie, a baissé de moitié l'an dernier, pour la première fois en dix ans d'ouverture. La tendance se poursuivra probablement en 1998 puisque parmi les premiers investisseurs au Vietnam figurent la Corée du sud, le Japon, la Thaïlande et la Malaisie, pays durement touchés.

Le Vietnam réalise aussi la majorité de ses échanges commerciaux avec ses partenaires de l'ASEAN. Mais les fortes dévaluations dans la région ont rendu les exportations vietnamiennes encore moins compétitives et la surévaluation du dong encore plus évidente.

Le Vietnam, dont la balance commerciale est largement dans le rouge, affirme avoir déjà perdu un demi-milliard de revenus à l'exportation l'an dernier en raison du cyclone asiatique.

AFP, le 9 janvier 1998.