~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

Fidel Castro, invité surprise au Vietnam avant la réunion des Non-alignés

Fidel Castro, qui doit se rendre lundi à Kuala Lumpur pour la réunion du Mouvement des Non-Alignés, s'arrêtera en chemin vendredi pour une visite surprise de trois jours au Vietnam, son vieil allié asiatique, qui partage notamment son opposition aux projets de guerre américain en Irak.

Le ministère vietnamien des Affaires étrangères a indiqué que le président cubain arrivait vendredi à Hanoi, à la plus grande surprise des milieux diplomatiques. Castro, 76 ans, qui était venu au Vietnam la dernière fois en 1995, doit assister lundi dans la capitale malaisienne au 13ème sommet des chefs d'Etat de l'organisation des non-alignés, qui sera dominé par la crise irakienne. Le leader de la Havane entend demander à présider le Mouvement de 2006 à 2009, et devrait recevoir le soutien des autorités de Hanoi.

"La visite du président Fidel Castro a pour objectif de consolider et de développer les relations de solidarité, d'amitié et de compréhension mutuelle entre les deux partis, Etats et peuples vietnamiens et cubains", a indiqué laconiquement un porte-parole du ministère à Hanoi. Les liens entre les deux pays sont de facto d'une grande solidité. Le Vietnam n'a jamais abandonné un homme très isolé, mais qui avait affirmé pendant la guerre du Vietnam que "Cuba était prêt à verser son sang".

"Castro vient voir son ami en Asie. Il y a une solidarité naturelle entre deux pays qui ont souffert d'un embargo américain, et c'est une solidarité qui dure", note un diplomate occidental. "A chaque fois qu'un représentant de l'un des deux pays passe dans la région de l'autre, ils se voient". De très nombreux cadres vietnamiens ont été formés à Cuba, même si les relations économiques et commerciales bilatérales sont limitées par la puissance de feu de la Havane. Et ni l'ouverture au capitalisme de Hanoi, ni le réchauffement de ses relations avec les Etats-Unis n'ont entamé ses liens avec Cuba, notent les observateurs.

Fidel recevra donc un accueil plus que chaleureux et pourra s'entretenir avec les trois plus hauts dirigeants de l'Etat, le Secrétaire général du Parti communiste vietnamien Nong Duc Manh, le président Tran Duc Luong, et le Premier ministre Pham Van Khai. L'occasion d'évoquer une position commune sur l'Irak. Fin janvier, le leader cubain avait accusé les Etats-Unis de s'arroger le droit de "passer par-dessus" le Conseil de sécurité des Nations unies.

Le 6 février, Hanoi avait pour sa part indiqué qu'il continuait "d'espérer que la question irakienne sera résolue d'une façon pacifique, qui respecte l'indépendance et la souveraineté de l'Irak" dans le cadre de l'ONU. La dernière visite de Castro à Hanoi date de 1995 et avait marqué un certain décalage entre les difficultés du régime cubain, son orthodoxie idéologique et les choix du Vietnam, qui a opté depuis 1986 pour l'économie de marché. Le leader cubain s'était contenté de visiter des sites historiques de la guerre et quelques entreprises d'Etat, quand la croissance du Vietnam se fondait déjà, au moins dans le sud du pays, sur le dynamisme de son secteur privé. Il trouvera Hanoi changée, débordante de petits commerces privés et saturée par une circulation de motos flambants neuves et de voitures de luxe.

Autant de symboles d'un pays dans lequel le parti a certes conservé la main ferme sur le pouvoir, mais qui invite désormais sa population à s'enrichir et qui a signé en juillet 2000 avec Washington un accord commercial bilatéral d'envergure.

Par Didier Lauras - Agence France Presse - 20 Février 2003.