Fidel Castro, invité surprise au Vietnam avant la réunion des Non-alignés
Fidel Castro, qui doit se rendre lundi à Kuala
Lumpur pour la réunion du Mouvement des
Non-Alignés, s'arrêtera en chemin vendredi pour
une visite surprise de trois jours au Vietnam,
son vieil allié asiatique, qui partage notamment
son opposition aux projets de guerre américain
en Irak.
Le ministère vietnamien des Affaires étrangères
a indiqué que le président cubain arrivait
vendredi à Hanoi, à la plus grande surprise des
milieux diplomatiques.
Castro, 76 ans, qui était venu au Vietnam la
dernière fois en 1995, doit assister lundi dans la
capitale malaisienne au 13ème sommet des
chefs d'Etat de l'organisation des non-alignés,
qui sera dominé par la crise irakienne.
Le leader de la Havane entend demander à
présider le Mouvement de 2006 à 2009, et
devrait recevoir le soutien des autorités de
Hanoi.
"La visite du président Fidel Castro a pour
objectif de consolider et de développer les
relations de solidarité, d'amitié et de
compréhension mutuelle entre les deux partis,
Etats et peuples vietnamiens et cubains", a
indiqué laconiquement un porte-parole du
ministère à Hanoi.
Les liens entre les deux pays sont de facto
d'une grande solidité. Le Vietnam n'a jamais
abandonné un homme très isolé, mais qui avait
affirmé pendant la guerre du Vietnam que "Cuba
était prêt à verser son sang".
"Castro vient voir son ami en Asie. Il y a une
solidarité naturelle entre deux pays qui ont
souffert d'un embargo américain, et c'est une
solidarité qui dure", note un diplomate
occidental. "A chaque fois qu'un représentant de
l'un des deux pays passe dans la région de
l'autre, ils se voient".
De très nombreux cadres vietnamiens ont été
formés à Cuba, même si les relations
économiques et commerciales bilatérales sont
limitées par la puissance de feu de la Havane. Et
ni l'ouverture au capitalisme de Hanoi, ni le
réchauffement de ses relations avec les
Etats-Unis n'ont entamé ses liens avec Cuba,
notent les observateurs.
Fidel recevra donc un accueil plus que
chaleureux et pourra s'entretenir avec les trois
plus hauts dirigeants de l'Etat, le Secrétaire
général du Parti communiste vietnamien Nong
Duc Manh, le président Tran Duc Luong, et le
Premier ministre Pham Van Khai.
L'occasion d'évoquer une position commune sur
l'Irak. Fin janvier, le leader cubain avait accusé
les Etats-Unis de s'arroger le droit de "passer
par-dessus" le Conseil de sécurité des Nations
unies.
Le 6 février, Hanoi avait pour sa part indiqué
qu'il continuait "d'espérer que la question
irakienne sera résolue d'une façon pacifique, qui
respecte l'indépendance et la souveraineté de
l'Irak" dans le cadre de l'ONU.
La dernière visite de Castro à Hanoi date de
1995 et avait marqué un certain décalage entre
les difficultés du régime cubain, son orthodoxie
idéologique et les choix du Vietnam, qui a opté
depuis 1986 pour l'économie de marché.
Le leader cubain s'était contenté de visiter des
sites historiques de la guerre et quelques
entreprises d'Etat, quand la croissance du
Vietnam se fondait déjà, au moins dans le sud
du pays, sur le dynamisme de son secteur privé.
Il trouvera Hanoi changée, débordante de petits
commerces privés et saturée par une circulation
de motos flambants neuves et de voitures de
luxe.
Autant de symboles d'un pays dans lequel le
parti a certes conservé la main ferme sur le
pouvoir, mais qui invite désormais sa population
à s'enrichir et qui a signé en juillet 2000 avec
Washington un accord commercial bilatéral
d'envergure.
Par Didier Lauras - Agence France Presse - 20 Février 2003.
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