Devenir étudiant, un rêve qui a un prix
Les concours d'entrée à l'université se tiendront les 4 et 5 juillet. À Hanoi, on se dispute les appartements en location, des
logements souvent précaires qui se paient au prix fort.
Depuis les premiers jours de juin, les nouveaux bacheliers, quelques fois accompagnés de leurs parents, affluent vers Hanoi. Malgré
une chaleur caniculaire, tous arpentent les ruelles de la capitale à la recherche d'une chambre à louer. Un véritable parcours du
combattant auquel il faut bien se livrer si l'on veut suivre les classes préparatoires : chacun souhaite trouver un logement de qualité
à proximité de son université, et même si les appartements ont poussé comme des champignons ces dernières années, toutes ces
conditions sont rarement au rendez-vous...
"Comme mes amis, aussitôt le bac en poche, j'ai dû partir pour Hanoi à la recherche d'une chambre de façon à participer à une
classe préparatoire, confie Thanh Hàng, originaire de la province de Bac Ninh, à 30 km de Hanoi. Je ne connais pas la capitale, et il
est très difficile d'y trouver une chambre à louer. Depuis trois jours, je consulte sans cesse la carte pour ne pas m'égarer.
Heureusement, pour l'instant, ce sont des amis à moi, eux aussi en classe préparatoire, qui m'hébergent en attendant que j'en
trouve un", ajoute la jeune fille.
Tout comme Thanh Hàng, Trân Van Hung, originaire lui de la province montagneuse de Lang Son, à 154 km au Nord de Hanoi, a dû
quitter sa famille après les examens de fin d'études secondaires pour trouver un logement à Hanoi. Pourtant, une semaine après le
début des cours des classes préparatoires, il n'a toujours pas réussi à trouver un appartement qui lui convienne : "Depuis une
semaine, je remue ciel et terre tous les jours après les cours pour trouver ne serait-ce qu'une simple chambre. Pour l'instant, j'habite
avec la famille d'un ami à 10 km de l'Institut polytechnique de Hanoi, où j'ai actuellement mes cours", rapporte Trân Van Hung.
Des appartements à louer de plus en plus nombreux
La plupart des Universités et Écoles supérieures accueillent maintenant des bacheliers dans leurs internats, pour un prix de 50.000
à 100.000 dôngs par mois. Pourtant, le nombre des chambres d'internat disponibles demeure très insuffisant, et ne correspond qu'à
une petite part de la demande. Face à ce besoin, nombre des résidents des alentours des écoles supérieures ont construit,
pendant plusieurs années, des appartements pour les mettre en location.
Le village de Vong, dans le district de Tù Liêm, particulièrement réputé pour sa production de Côm (jeune riz gluant, une spécialité
de Hanoi), est aussi dorénavant surnommé "le village des étudiants". Situé à proximité de plusieurs universités, nombreux sont les
appartements qui ont été mis en construction pour être loués. Si bien qu'aujourd'hui, la plupart des familles du village dispose
d'appartements de deux ou trois chambres à louer, ce qui peut quelques fois représenter un parc de 30 à 40 chambres.
Dans le village de Phùng Khoang, dans le district de Tù Liêm, quelques mille chambres à louer ont été dénombrées. Ces biens
immobiliers procurent un revenu moyen par famille de 1 à 10 millions de dôngs par mois, auxquels s'ajoutent encore d'autres
sources de revenus... Sans compter que chaque année, la demande croît et que les propriétaires en profitent pour augmenter les
prix. À présent, pour louer une chambre de 10m², équipée de deux lits, il faut compter 300.000 dôngs (contre 150.000 dôngs
précédemment) : des loyers extrêmement forts pour des conditions de logements souvent précaires... Nombre de bacheliers
habitent dans les chambres étroites et vétustes. "J'ai trouvé une chambre sur la route Giai Phong, près de l'Institut polyclinique de
Hanoi. Ma chambre est très étroite et jouxte les toilettes. Il y flotte en permanence une odeur nauséabonde. Pourtant, il m'est très
difficile de trouver une autre chambre en ce moment, et je me suis résignée", confie Hoàng Thi Truc, qui vient de la province de
Thanh Hoa, à environ 170 km au Sud de Hanoi.
Depuis plusieurs années, la crise du logement pour les étudiants et les bacheliers est particulièrement aiguë, en période de
concours d'entrée à l'Université. Et c'est précisément pour remédier à ce type de situation qu'a été construit le village Hacinco : offrir
une possibilité de logement à un grand nombre d'étudiants. Selon Pham Hông Ky, responsable de Hacinco, le village réserve environ
200 places aux bacheliers, mais seules 20 sont effectivement occupées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cela s'explique
par le fait que le village Hacinco se situe très loin des universités où se déroulent les cours de classes préparatoires ou les
concours d'entrée à l'université. Ce qui pousse aussi Hông Nhung, venue de la province de Vinh Phuc, à dire : "Je souhaite qu'il y ait
des villages, comme Hacinco, dans chaque secteur près des universités, comme dans les arrondissements de Câu Giây ou de
Thanh Xuân...".
Par Dang Huê - Le Courrier du Vietnam - 2 Juillet 2003
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