Ethnographie : défis pour les films tournés au Vietnam
Le premier séminaire du film ethnographique au Vietnam a été récemment organisé à Hanoi. De nombreux ethnographes et
producteurs vietnamiens et étrangers ont participé à ce séminaire.
Lors du séminaire, les participants ont discuté de différentes conceptions du film ethnographique, en visualisant douze films tournés
par des producteurs vietnamiens et étrangers. Parmi ceux-ci : "L'histoire de la marionnette des Tày à Thâm Rôc" (du Musée
d'Ethnographie du Vietnam), "Le canoë de monsieur Earl" (de l'Institut Smithsonian, États-Unis), "La cérémonie de crémation chez
les Cham" (de l'Institut vietnamien de la Culture et de l'Information), Les deux fils du chaman (film français).
Situation actuelle des films ethnographiques
Au cours de la dernière décennie, plusieurs organismes centraux et locaux se sont intéressés à la production de films
ethnographiques sur les us et coutumes, les fêtes, etc. des ethnies vietnamiennes. Ces films tournent principalement vers les
activités de recherche, de communication et de préservation des héritages culturels immatériels. Ils sont très riches en sujets, en
raison d'un grand nombre d'ethnies (au nombre de 54) qui composent la nation vietnamienne. Selon l'écrivain Nguyên Ngoc, les films
ethnographiques, s'ils sont le fruit d'une recherche ethnographique, contribuent activement à la préservation et à la restauration des
héritages culturels traditionnels. Ils sont considérés comme un instrument efficace dans la recherche, le développement et la
préservation des cultures traditionnelles des ethnies, selon les estimations des participants de ce séminaire.
Cependant, le Vietnam ne produit, à l'heure actuelle, que des films ethnographiques qui relèvent du documentaire scientifique. Leurs
contenus se concentrent seulement sur la présentation des fêtes, des traditions musicales, culturelles et artistiques populaires, ou
des métiers traditionnels. Le Vietnam manque de films qui décrivent la vie quotidienne des artistes et des artisans, et montrent la
vision et le cheminement intérieur de ces hommes dans leur pratique quotidienne, selon le docteur Nguyên Van Huy, directeur du
musée d'Ethnographie de Hanoi.
Quant aux commentaires des films, ce sont souvent ceux de chercheurs ou de producteurs qui s'expriment par le biais d'une voix
professionnelle. Il s'agit aussi parfois des voix des personnages filmés. Il existe enfin des films sans commentaires qui visent à
mieux faire ressentir aux spectateurs les événements.
Certains films ethnographiques tournés au Vietnam présentent des faiblesses, en raison du manque de professionnalisme des
ethnographes et de connaissances ethnographiques des producteurs. C'est pourquoi, il faudra mener des coopérations plus
poussées entre les ethnographes et les producteurs. De plus, il faudrait enquêter sur les réactions du public, ce qui devrait
permettre aux ethnographes et aux producteurs d'orienter leur travail.
Les participants au séminaire ont aussi discuté de l'organisation annuelle de ce séminaire, afin de renforcer les relations, les
coopérations et les échanges entre les producteurs, les ethnographes et toutes les personnes impliquées dans le tournage de ces
films au Vietnam.
Par Dang Quang - Le Courrier du Vietnam - 5 Novembre 2003
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