La Bourse vietnamienne s'ouvre aux entreprises étrangères
HANOI - Le gouvernement
vietnamien a fait un geste attendu depuis
des années par ses partenaires
économiques en ouvrant l'accès de sa
bourse aux entreprises étrangères
installées dans le pays, dans l'espoir de
doper sa faible croissance depuis sa
création, il y a presque trois ans.
Le décret 38 du Premier ministre Phan
Van Khai permet aux entreprises
étrangères d'être cotées à la Bourse de Ho
Chi Minh-Ville si elles respectent un
certain nombre de critères, en particulier
trois années d'existence dans le pays,
dont la dernière avec des bénéfices.
Selon Nguyen Bich Dat, directeur du département de l'investissement étranger au ministère
du Plan et de l'Investissement, quelques entreprises vont être sélectionnées pour
expérimenter le décret, avant son élargissement à l'ensemble des acteurs étrangers du pays.
Les sociétés mixtes seront aussi autorisées à être cotées en bourse. Les partenaires
vietnamiens, qui utilisent régulièrement le droit d'usage de leur terrain comme capital,
pourront le transformer en actions.
La création de la bourse dans l'ex-Saïgon avait été célébrée en grande pompe en juillet 2000,
signe fort de l'ouverture au capitalisme formellement adoptée en 1986, malgré des
dissensions internes, par le Parti communiste vietnamien.
Mais sa croissance est restée très faible. La bourse avait commencé avec cinq entreprises et
en comprend aujourd'hui 21, pour un capital total enregistré de 66,88 millions de dollars.
Les experts estiment aujourd'hui qu'une croissance plus soutenue est envisageable.
"Nous avons milité pour cette mesure depuis des années. La faiblesse de la bourse est
notamment liée au fait que cette décision n'a pas été prise avant", estimait lundi Tony Foster,
président de la Chambre de commerce américaine à Hanoï.
"Cette décision va non seulement développer la bourse, mais l'investissement étranger dans
son ensemble. Il est très difficile d'entrer au Vietnam, mais il est encore plus difficile d'en
sortir. Le décret permettra aux entreprises d'obtenir un retour sur investissement",
ajoute-t-il.
Même si le dong vietnamien n'est pas une monnaie convertible, la banque centrale avait fait
un geste en septembre dernier en autorisant les investisseurs étrangers à convertir les profits
enregistrés à la bourse en dollars, éclairant soudainement un vaste coin d'ombre de la
législation vietnamienne.
Un plan de développement jusqu'en 2010 a été arrêté pour stimuler le marché et attend
l'approbation du gouvernement, qui espère atteindre le niveau de la bourse de Bangkok d'ici
dix ans.
"La décision va dans le sens d'un seul système juridique pour les entreprises vietnamiennes
et étrangères", s'est réjoui Nicolas Audier, du cabinet d'avocats français Gide Loyrette Nouel.
"Deux autres décrets récents vont dans le même sens. Cette unité juridique est indispensable
pour le Vietnam, notamment en vue de son intégration à l'Organisation mondiale du
Commerce (OMC)", a-t-il ajouté.
Agence France Presse - 21 Avril 2003.
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