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Hanoi accepte de s'ouvrir aux entreprises américaines

La signature d'un accord commercial entre les Etats-Unis et le Vietnam couronne les efforts de normalisation entre les deux pays. Les entreprises américaines entendent bien profiter de la nouvelle ouverture de l'économie vietnamienne.

Plus de vingt-cinq ans après la chute de Saigon, les Etats-Unis et le Vietnam ont signé, jeudi dernier, un accord commercial normalisant leurs relations. L'accord, qui doit encore être ratifié par le Congrès américain, inclut une baisse des tarifs douaniers, une ouverture de secteurs clés comme les télécommunications et la finance ou encore des règles de protection de la propriété intellectuelle.

Au-delà de son aspect hautement symbolique, ce traité vient couronner plusieurs années d'efforts diplomatiques. L'embargo commercial vis-à-vis du Vietnam avait ainsi été levé en 1994, et des relations diplomatiques établies entre les deux pays l'année suivante. Ce nouveau pas devrait permettre à Hanoi de s'engager plus avant sur la voie de l'ouverture économique. Une ouverture qui devrait aboutir à terme à l'adhésion du pays à l'Organisation mondiale du commerce. « L'accord améliorera les perspectives de croissance du Vietnam », souligne l'agence de notation Moody's, ajoutant qu'il donnerait une nouvelle impulsion au programme de réformes structurelles.

Après une progression de 8,2 % du PIB en 1997, la croissance s'est essoufflée et ne devrait atteindre que 4,6 % cette année. Il y a un an, une première tentative d'accord avait avorté, les durs du gouvernement communiste de Hanoi refusant l'idée d'ouvrir l'économie du pays. Lobbies très actifs. Les entreprises américaines, comme dans le cas de la normalisation avec la Chine ou dans leur volonté actuelle de faire lever partiellement l'embargo sur Cuba, se sont montrées très combatives. Elles entendent bien profiter d'un meilleur accès à un marché potentiel de 77 millions de personnes. Et certaines, comme Nike, Ford, Coca-Cola ou Caterpillar, espèrent utiliser le Vietnam comme base de production de produits qui seront exportés ensuite, en particulier vers les Etats-Unis. Pour l'instant, Nike, qui fabrique déjà 13 % de ses produits (chaussures, tee-shirts, etc.) au Vietnam, ne peut se permettre de les exporter aux Etats-Unis. La multinationale est en effet pénalisée par des droits de douane de 35 %. Selon l'accord, ces tarifs seront ramenés à 10 %. Les Etats-Unis ne se classent actuellement que neuvième parmi les pays investissant au Vietnam. Les investissements américains plafonnent, depuis 1994, à 31 millions de dollars par an. Par comparaison, les investissements américains au Bangladesh sont passés entre 1994 et 1999 de 42 millions de dollars à 172 millions de dollars. Quant aux échanges commerciaux entre les deux pays, ils ne se chiffrent pour l'instant qu'à 700 millions de dollars par an, soit 27 fois moins que les échanges américano-thaïlandais.

Mais malgré l'optimisme affiché par les deux parties après la signature de l'accord et la nouvelle volonté d'ouverture du pays, les entreprises étrangères devront sans doute encore faire face pendant quelque temps aux tracasseries de la bureaucratie vietnamienne.

La tribune, le 17 Juillet 2000.