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Le Vietnam accueille l'Asem et met en jeu sa crédibilité internationale

HANOI - Jadis exclu de la communauté internationale, le Vietnam tentera, en accueillant le cinquième sommet Asie-Europe, de se donner la stature d'un acteur respectable sur l'échiquier mondial, un objectif essentiel pour son développement économique. En recevant en fin de semaine quelques uns des responsables qui comptent en Asie et en Europe, le gouvernement de Hanoï veut s'afficher en pays moderne, prêt à assumer les grands rendez-vous.

"La communauté internationale attend du Vietnam une organisation professionnelle", résume Carl Thayer, un expert du Vietnam à l'Australian Defense Force Academy de Canberra.

En 1997, le pays avait déjà organisé le sommet de la francophonie avant de recevoir celui de l'Association des nations de l'Asie du sud-est (Asean), l'année suivante. Mais l'Asem, auquel assisteront notamment les Premiers ministres japonais Junichiro Koizumi et chinois Wen Jiabao, le président français Jacques Chirac et le chancelier allemand Gerhard Schroeder, est d'une toute autre dimension politique.

"Pour les Vietnamiens, c'est vraiment la démonstration qu'ils sont intégrés sur le plan international et c'est une marque que le pays avance", estime un diplomate européen.Depuis quelques semaines, la presse vietnamienne insiste moins sur le contenu du sommet que sur l'énergie déployée pour que la fête soit belle. L'agence officielle Vietnam News évoque les 78 limousines importées, les 1.000 "volontaires" mobilisés, les réservations dans les hôtels cinq étoiles. Et le gouvernement assure que toutes les mesures ont été prises en matière de sécurité.

"L'accent porte plus sur l'organisation que sur la substance", relève le diplomate européen. "Les Vietnamiens sont très attachés à la promotion d'une déclaration finale parce qu'elle portera le nom de Hanoï. Ils veulent une +déclaration de Hanoï+, quel qu'en soit le contenu".Pendant plusieurs mois, l'existence même du sommet a été menacée par la querelle sur l'intégration de la Birmanie, stigmatisée par l'Union européenne pour ses violations des droits de l'homme.

Mais Hanoï a tout fait pour que le sommet ait lieu en s'appuyant sur les plus modérés des deux camps. Parmi d'autres intiatives, l'ex-Premier ministre Vo Van Kiet a été dépêché à Rangoon en août pour discuter avec la junte. "Le Vietnam a agi en intermédiaire. Il a fait passer les arguments de chaque côté et n'a pas ménagé ses efforts", relève un observateur asiatique. Désormais, le gouvernement communiste entend faire passer le message qu'il est prêt à entrer dans le grand jeu.

Le pays, qui a entamé sa transition vers l'économie de marché en 1986, souhaite intégrer en 2005 l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et l'évoquera certainement au cours de multiples rencontres bilatérales oragnisées cette semaine, qui comptent au moins autant pour lui que le sommet lui-même. Les dirigeants "essaieront de montrer à tout le monde leur volonté et le sérieux de leurs efforts pour rejoindre la communauté internationale", estime l'observateur asiatique.

Hanoï devra peut-être aussi répondre à quelques questions génantes sur ses propres violations des droits de l'homme. Les experts soulignent en tout cas combien les autorités se concentrent sur leur agenda intérieur. "Les priorités du Vietnam sont essentiellement internes et concentrées sur le développement économique et la stabilité politique. Les responsables à Hanoï sont des pragmatiques qui ne veulent pas gaspiller des ressources limitées dans une diplomatie qui rapportera peu", résume Carl Thayer.

Agence France Presse - 5 Octobre 2004