Jacques Chirac engage Hanoï à mener «des réformes démocratiques»
Le président français a effectué hier matin une visite de quelques heures à Singapour, première étape d'un périple asiatique de huit jours au Vietnam et en Chine. Il a évoqué avec le nouveau Premier ministre Lee Hsien Loong, la lutte contre le terrorisme et la question de la fourniture de l'avion de combat Rafale, pré-sélectionné par le gouvernement singapourien.
HANOI - «La plus chaleureuse des bienvenues à Son Excellence le président Jacques Chirac et à sa femme.» Malgré la formule enthousiaste, les banderoles de ce type, de même que les drapeaux tricolores n'étaient pas légion, hier, dans les grandes avenues de Hanoï. Visiblement, les autorités vietnamiennes accordent plus d'importance – au vu du nombre des décorations déployées en tout cas – à la tenue à Hanoï du cinquième sommet de l'Asem, qui s'ouvre aujourd'hui, qu'à la venue du chef de l'État français.
Qu'importe. Arrivé en début d'après-midi après une courte étape à Singapour, le président français a été accueilli par le président vietnamien, Tran Duc Luong, et a reçu les honneurs militaires au palais présidentiel. Ce bâtiment, aux murs ocre vif, mi-italianisant mi-Renaissance française, est l'ancien siège du gouverneur général d'Indochine. Après un défilé rapide, le président français et son homologue vietnamien, dont les fonctions sont essentiellement protocolaires, sont allés saluer les membres de la délégation française parmi lesquels se trouvaient, outre la vingtaine de chefs d'entreprise venus avec le chef de l'État, Marc Gentilini, le président de la Croix-Rouge française, Jean-François Jarrige, le président du Musée Guimet, la photographe Bettina Rheims, mais aussi le député de Paris Jean de Gaulle, président du groupe d'amitié France-Vietnam et petit-fils du général.
Après cette cérémonie officielle à laquelle assistait également Bernadette Chirac, les présidents français et vietnamien se sont rencontrés en tête-à-tête. Une signature officielle des accords, contrats et conventions, a suivi. Puis, dans une salle du palais présidentiel, et sous un buste géant de Hô Chi Minh, les deux présidents ont tenu une brève et très formelle conférence de presse pour souligner la qualité des relations entre les deux pays.
Les questions plus délicates, elles, n'ont été abordées que plus tard dans la soirée, lors du dîner d'État organisé en l'honneur du président français. Là, profitant du discours traditionnellement prononcé au moment des toasts, Jacques Chirac a glissé quelques messages politiques. Après s'être réjoui «que la période où nos deux nations s'observaient soit désormais révolue», après avoir rappelé que les relations entre les deux pays ont été «complexes, parfois dramatiques, semées de fascination et de méfiance réciproques mais jamais indifférentes», le président français a encouragé le Vietnam à «imprimer un rythme nouveau aux réformes engagées». «Je pense en particulier à la poursuite des nécessaires réformes démocratiques et au renforcement de la protection des droits de l'homme», a-t-il précisé. Avant d'enfoncer le clou : «La croissance économique impressionnante de votre pays invite également vos concitoyens à prendre davantage en main leur destin.»
Jacques Chirac s'est également félicité qu'un texte sur les associations soit en préparation. La précision est importante : au Vietnam, la création d'associations est extrêmement contrôlée et ce n'est pas un hasard si Jacques Chirac a choisi de visiter ce matin – en marge d'un dialogue avec des étudiants vietnamiens – une exposition consacrée à la liberté d'association, qui se tient au Centre culturel français.
Par Anne Fulda - Le Figaro - 7 Octobre 2004.
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