Fidel Castro dénonce à Hanoi l'"empire" américain
Le président cubain Fidel Castro a achevé
dimanche une visite chez son allié communiste
vietnamien en accusant les Etats-Unis et la
mondialisation d'avoir plongé le monde dans la
pire crise de son histoire.
Dans un discours de plus d'une heure devant les
étudiants de l'université polytechnique de Hanoi,
le vétéran de la révolution cubaine, 76 ans, a
prédit la chute inéluctable, selon lui, de
l'"empire" américain, tout comme l'empire romain
avant lui.
"Le monde affronte une crise, une crise morale
et économique. Ce monde est un monde du
libéralisme et de la mondialisation dominés par
le gouvernement américain", a-t-il lancé.
"Nous n'avons jamais vu d'événements comme
ceux d'aujourd'hui", a ajouté le dirigeant
communiste.
"Cela signifie que nous devons trouver une
solution pour accélérer un changement. Cela
signifie aussi que l'empire actuel (des
Etats-Unis) ne pourra pas durer aussi longtemps
que l'ancien empire romain", a prévenu le lider
maximo.
Le chef de l'Etat cubain était arrivé vendredi à
Hanoi pour sa troisième visite officielle au
Vietnam, la première depuis 1995, avant de
participer lundi et mardi à un sommet des non
alignés à Kuala Lumpur.
Il a rencontré samedi le dirigeant du parti au
pouvoir Nong Duc Manh, le président Tran Duc
Luong et le Premier ministre Phan Van Khai.
"Les deux parties ont échangé des vues sur les
projets américains d'attaque de l'Irak et ils sont
convenus de publier une déclaration y affirmant
leur opposition", avait dit le responsable des
Affaires étrangères après l'entretien.
Un compte-rendu officiel de la rencontre paru
dimanche dans l'organe du parti communiste, le
Nhan Dan, met cependant une sourdine aux
critiques contre la politique américaine.
Il déclare seulement que les deux pays ont
affirmé "leur soutien à une solution diplomatique
et politique à la question irakienne sur la base
du respect de l'indépendance, de la
souveraineté et de l'intégrité territoriale de
l'Irak, en conformité avec la ligne des Nations
unies et le droit international".
Selon les observateurs, cette atténuation reflète
le désir de Hanoi de ne pas heurter son ancien
ennemi avec qui les relations se sont
régulièrement améliorées depuis l'établissement
de liens diplomatiques en 1995.
Le numéro un vietnamien, le dirigeant du parti
Nong Duc Manh, a dénoncé lors des entretiens
l'embargo imposé à Cuba par les Etats-Unis et a
demandé sa levée immédiate, selon le Nhan
Dan.
A polytechnique, le vieux dirigeant a été accueilli
par des centaines d'étudiants aux cris de "Viva
Cuba, Viva Fidel".
M. Castro a commencé son allocution avec peine
mais au fur et à mesure qu'il évoquait ses
thèmes favoris, il est redevenu le tribun que l'on
connait, rhétorique et gestes à l'appui.
Le chef de l'Etat s'est également rendu au
mausolée Ho Chi Minh rendre hommage au père
de l'indépendance et fondateur du parti
communiste vietnamien.
Après le sommet des non alignés, il doit conclure
sa tournée en Asie à Pékin, à l'invitation du
président chinois Jiang Zemin.
Par Ben Rowse - Agence France Presse - 23 Février 2003.
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