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L'Ecole française d'Extrême-Orient fête ses 100 ans

PARIS - L'Ecole française d'Extrême-orient (EFEO), fondée dans la foulée de l'expansion coloniale en Asie et de l'orientalisme, fête ses cent ans cette année avec une cure de rajeunissement pour affronter le nouveau millénaire et assurer sa pérennité. Lancée sous l'appellation de Mission archéologique d'Indochine en 1898 à Saigon par Paul Doumer, gouverneur général d'Indochine, cet établissement public compte aujourd'hui 200 collaborateurs, dont une quarantaine de membres titulaires, résidant dans une dizaine de pays d'Asie.

Sous tutelle du ministère de l'Education et de la Recherche, elle fonctionne avec un budget de 43 millions de francs et a (depuis 1956) son siège à Paris, à la Maison de l'Asie. D'école, elle n'a que le nom puisqu'elle n'enseigne pas et pratique essentiellement la recherche en sciences humaines. L'idée de départ, inspirée par l'expédition de Bonaparte en Egypte et l'expérience de l'Ecole française d'Athènes, était de mieux connaître l'Asie de l'est, mais aussi comme l'écrit Pierre Singaravélou dans un livre sur l'EFEO (ed. l'Harmattan), de faire oeuvre "civilisatrice". Politiquement, elle défend une politique d'association, plus respectueuse des civilisations locales, face aux tenants de l'assimilation coloniale. L'Ecole, désormais sur l'internet (EFEO.fr), a célébré solennellement son centenaire le 8 décembre à Paris. Un colloque avait réuni le 4 et le 5, sur le thème "Texte et terrain", ses chercheurs venus pour la circonstance des quatre coins de l'Asie.

Figures légendaires

L'EFEO, dont la sphère d'intérêt englobe l'archéologie, l'ethnologie, la philologie, l'épigraphie, l'histoire, a la particularité de réunir des scientifiques de terrain, dits "occasionnels", officiers de marine, missionnaires, fonctionnaires coloniaux, et des savants "professionnels", travaillant en bibliothèque. Elle compte des figures légendaires, de Louis Finot et Sylvain Lévi à Georges Coedes, en passant par Bernard-Philippe et George Groslier, Maurice Glaize, Pierre Gourou, Henri Marchal, Etienne Lunet de Lajonquière ou Henri Parmentier. Peu de femmes toutefois, et le premier membre scientifique autochtone de l'EFEO, un Vietnamien, n'est recruté qu'en 1940. Créée dans la mouvance coloniale, l'EFEO a cependant été un outil d'émancipation pour les pays colonisés, dont les élites se sont appuyées sur ses travaux pour revendiquer leur différence et leur autonomie. Ses membres furent souvent des militants fervents contre l'ethnocentrisme occidental, et certains, comme Paul Mus, ont défendu la décolonisation.

Les dernières années ont vu d'importants changements. L'Ecole, écartée de l'Indochine pendant 15 ans durant la guerre, y a fait un important retour au début des années 1990, aussi bien au Laos, qu'au Vietnam ou au Cambodge, notamment à Angkor. Elle a étendu son influence avec des missions en Malaisie, au Japon, en Corée, à Taiwan, et elle est présente en 16 lieux. Elle a obtenu cette année le recrutement de 10 nouveaux chercheurs, d'une moyenne d'âge de 38 ans selon son directeur Jean-Pierre Drège, ce qui la rajeunit un peu à l'entrée du nouveau millénaire. L'EFEO a réalisé une oeuvre immense et diverse, des travaux menés à Angkor, l'un des plus grands chantiers archéologiques du monde, aux recherches sur le bouddhisme, la langue chinoise, ou les textes indochinois. Elle est à l'origine des musées de Phnom Penh, Saigon, Hanoi notamment, et ses bibliothèques et publications, dont le célèbre Bulletin, le BEFEO, sont connues des savants du monde entier.

Des célébrations ont eu lieu en Asie, et une exposition sur l'EFEO sera organisée par le musée Guimet à Paris aux mois de mai et juin 2001, sous le titre "Un siècle pour l'Asie". Une médaille commémorative a par ailleurs été frappée par la Monnaie de Paris.

Agence France Presse, le 14 Décembre 2000.